A la fête de la Toussaint se rattache intimement le souvenir des saintes âmes qui, retenues au purgatoire pour y expier leurs fautes vénielles ou se purger des peines temporelles dues au péché, sont toutefois confirmées en grâce et entreront un jour au ciel. Aussi, après avoir célébré dans la joie la gloire des Saints qui constituent l’Église du ciel, l’Église de la terre étend sa sollicitude maternelle jusqu’à ce lieu d’indicibles tourments où sont plongées les âmes qui appartiennent aussi à l’Église. « En ce jour, dit le Martyrologe Romain, la commémoraison de tous les fidèles défunts : commémoraison en laquelle notre commune et pieuse Mère l’Église, aussitôt après s’être efforcée de fêter par de dignes louanges tous ses fils qui déjà se réjouissent dans le ciel, s’efforce d’aider par de puissants suffrages auprès de son Seigneur et Époux, le Christ, tous ceux qui gémissent encore dans le Purgatoire, afin qu’ils se joignent au plus tôt à la société des habitants de la céleste Cité ». Jamais dans la liturgie ne s’affirme de façon plus vivante l’unité mystérieuse qui existe entre l’Église triomphante, l’Église militante et l’Église souffrante ; et jamais aussi ne s’accomplit d’une façon plus palpable le double devoir de charité et de justice qui découle pour chacun des chrétiens du fait de son incorporation dans le corps mystique du Christ. C’est en vertu du dogme si consolant de la Communion des Saints que les mérites et les suffrages des uns peuvent en effet être attribués aux autres. De telle sorte que, sans léser les droits imprescriptibles de la justice divine qui s’appliquent dans toute leur rigueur après cette vie, l’Église peut unir sa prière ici-bas à celle du ciel et suppléer à ce qui manque aux âmes du purgatoire, en offrant à Dieu pour elles, par la Sainte Messe, par les indulgences, par les aumônes et les sacrifices de ses enfants, les mérites surabondants de la passion du Christ et de ses Membres mystiques. Aussi la liturgie, dont le sacrifice du Calvaire continué sur l’autel est le centre, a toujours été le moyen principal employé par elle pour mettre en pratique à l’égard des défunt : la grande loi de charité qui fait un précepte de subvenir aux nécessités du prochain, comme s’il s’agissait de nous-mêmes, en vertu toujours de ce lien surnaturel qui unit en Jésus le ciel, le purgatoire et la terre. La liturgie des défunts est peut-être la plus belle et la plus consolante de toutes. Chaque jour, à la fin de chaque Heure de l’Office divin, on recommande à la miséricorde divine les âmes des fidèles trépassés. Au Suscipe de la messe le prêtre offre le sacrifice pour les vivants et les morts, et dans un Mémento spécial il prie le Seigneur de se souvenir de ses serviteurs et de ses servantes qui se sont endormis dans le Christ et de leur accorder le séjour de consolation, de lumière et de paix. Dès le cinquième siècle, on trouve des messes des défunts. Mais c’est à S. Odilon, quatrième Abbé du célèbre monastère bénédictin de Cluny, qu’est due la Commémoraison de tous les défunts en général. Ce fut lui qui l’institua en 998 et la fit célébrer au lendemain de la Toussaint.
L’influence de cette illustre congrégation française fit qu’on adopta bientôt cet usage dans tout l’univers chrétien et que ce jour fut même parfois chômé. En Espagne, au Portugal et dans l’Amérique du Sud, qui en était autrefois dépendante, les prêtres, en vertu d’un privilège accordé par Benoît XIV, célébraient trois messes le 2 Novembre. Un décret de Benoît XV, daté du 10 Août 1915, autorise les prêtres du monde entier à faire de même.
L’Église nous rappelle dans une Épitre, tirée de S. Paul, que les morts ressusciteront, et nous dit d’espérer, car en ce jour nous nous reverrons tous dans le Seigneur. La Séquence donne une description saisissante du jugement dernier où les bons seront à tout jamais séparés d’avec les méchants. L’Offertoire rappelle que c’est S. Michel qui introduit les âmes dans le ciel, car, disent les prières de la recommandation de l’âme, c’est lui qui est « le chef de la milice céleste » dans les rangs de laquelle les hommes sont appelés à prendre la place des anges déchus.
« Les âmes du purgatoire, déclare le Concile de Trente, sont secourues par les suffrages des fidèles, principalement par le sacrifice de l’autel ». La raison en est qu’à la Sainte Messe le prêtre offre officiellement à Dieu la rançon des âmes, le sang du Sauveur. Et Jésus lui-même, sous les espèces du pain et du vin, qui rappellent au Père le sacrifice du Golgotha, prie pour que Dieu en applique la vertu expiatrice à ces âmes. Assistons en ce jour au Saint Sacrifice de la messe où l’Église demande à Dieu d’accorder aux défunts, qui ne peuvent plus rien pour eux-mêmes, la rémission de tous leurs péchés (Or.) et le repos éternel (Intr., Grad., Com.). Visitons aussi les cimetières, où leurs corps reposent jusqu’au jour où, subitement, au son de la trompette, ils ressusciteront pour être revêtus d’immortalité et remporter par Jésus-Christ la victoire sur la mort (Ép.).
La liturgie byzantine célèbre chaque année un office pour le repos de l’âme de tous les défunts, le samedi avant la Sexa-gésime : Le samedi précédant le carnaval (carnis privii) nous faisons mémoire de tous les chrétiens orthodoxes, nos pères et nos frères qui sont sortis de ce monde.
Vers le XIe siècle, les liturgies latines adoptèrent quelque chose du même genre. L’abbé Hugues de Farfa raconte en effet que, dès le siècle précédent, existait dans son abbaye un précieux voile d’autel pour le dies iudicii ; sa vue remplissait les fidèles d’une sainte épouvante et les entretenait plusieurs jours dans la pensée de la mort. Au VIIIe siècle, entre autres usages du monastère de Fulda, nous trouvons celui de célébrer chaque mois une commémoration des défunts, avec office et prières spéciales. De la commémoration mensuelle à une commémoration annuelle il n’y avait qu’un pas ; et nous constatons en effet que vers le Xe siècle, dans les monastères bénédictins en particulier, l’usage s’était établi de célébrer chaque année la mémoire de tous les bienfaiteurs ou amis défunts du monastère. Saint Odilon, abbé de Cluny, passe pour avoir donné force de loi et un caractère universel à cette habitude, établie déjà dans un grand nombre d’églises. Nous connaissons l’édit de saint Odilon. Il est de 998 mais ne regarde que les monastères qui dépendaient alors de Cluny et dont le nombre atteignait plusieurs centaines, répandus en France, en Espagne et en Italie. Dans ce document, le pieux Abbé ordonne que le Ier novembre, après les vêpres solennelles, les cloches sonnent le glas funèbre et que les moines célèbrent au chœur l’office des défunts. Le lendemain, tous les prêtres doivent offrir à Dieu le divin sacrifice pro requis omnium defunctorum. Cet usage fut très favorablement accueilli, d’abord dans les différents monastères bénédictins, puis, peu à peu, dans les rituels diocésains, à Liège par exemple (1008), à Besançon, jusqu’à ce qu’il devînt un rite commun à toute l’Église latine.
Quant aux Ordines Romani, l’anniversarium omnium animarum apparaît pour la première fois dans l’Ordo XIV, du XIVe siècle. En ce jour, on ne célébrait pas le consistoire et on ne prêchait pas à la messe. Le jour choisi est celui-là même qui fut établi par saint Odilon, le 2 novembre. Dans l’Ordo Romanus XV, on trouve pourtant trace d’une coutume liturgique beaucoup plus ancienne, car le 8 juillet est indiqué un Officium defunctorum pro fratribus (les Cardinaux) et Romanis Pontificibus, comme dans l’Ordo de Farfa du Xe siècle. Dans ce même Ordo romain nous est décrit le rituel de la Chapelle papale sous Martin V, pour la commémoration de tous les fidèles défunts. Après les secondes Vêpres des Saints, le Pontife reprenait sa chape de couleur écarlate, le camauro et la mitre blanche, et les chantres entonnaient immédiatement les psaumes des vêpres des morts. Ensuite venaient les matines. Tant au Magnificat qu’au Benedictus des Laudes, le Pape accedit ad altare et thurificatur, et cophinum ubi stat Corpus Christi. Reverso vero ad cathedram suam, sibi soli et nulli alteri incensum datur. La collecte Fidelium Deus était chantée par le Pape, qui mettait fin à la cérémonie en donnant sa bénédiction solennelle.
Le lendemain, le Pontife assistait à la messe célébrée par un des cardinaux. A l’évangile, les acolytes portaient les flambeaux mais non l’encensoir ; à l’offertoire, on encensait l’autel d’abord et le Pape ensuite. Le rédacteur de l’Ordo remarque que la célébration solennelle de la messe pour les défunts par le Pontife romain n’est plus en usage, mais qu’il se contente de la dire de façon privée dans son oratoire.
La piété envers les pauvres âmes du purgatoire a fait d’immenses progrès durant les derniers siècles, comme en général toute la dévotion catholique, tel un arbre vigoureux qui étend de plus en plus ses rameaux, se couvre de feuilles et s’orne de fleurs. C’est ainsi que durant la cruelle dernière guerre, alors que chaque cité, sinon chaque famille, eut à pleurer ses morts, Benoît XV étendit à toute l’Église catholique un privilège que Benoît XIV avait jadis accordé aux États qui dépendaient alors de la couronne d’Espagne ; il autorisa chaque prêtre à célébrer le 2 novembre trois messes pour les défunts. Cette concession fut inspirée non seulement par l’inutile tuerie, comme Benoît XV appela cette guerre, mais par d’autres considérations encore. La piété des ancêtres avait richement doté des autels, des églises et des chapitres, afin que des messes fussent célébrées pour l’âme du donateur après sa mort. La révolution et la confiscation des biens ecclésiastiques ont le plus souvent dissipé ces legs ; aussi, en raison de la misère à laquelle était réduit le clergé, ce grand Pontife se voyait obligé continuellement de dispenser les chapitres, les communautés religieuses et les prêtres, de la charge de ces anciens legs de messes, qu’il n’était désormais plus possible d’acquitter. Que fit alors Benoît XV ? Habitué naguère à l’usage liturgique espagnol, au temps où il était secrétaire du cardinal Rampolla del Tindaro à la nonciature pontificale de Madrid, il permit à chaque prêtre de célébrer trois fois la messe, le jour de la commémoration des fidèles défunts, aux conditions suivantes : une des messes pouvait être offerte selon l’intention particulière du célébrant, mais le Pape voulut que l’une des deux autres fût célébrée pour tous les fidèles trépassés en général, et la troisième pour satisfaire à cette niasse énorme de legs que la faute du fisc avait empêché d’acquitter. Cette triple célébration de la sainte Messe par un même prêtre le 2 novembre constitue dans la discipline ecclésiastique actuelle un privilège plutôt unique que rare, et il égale en quelque sorte la Commémoration de tous les fidèles défunts au jour même de Noël. N’est-ce pas la vraie Noël des âmes du Purgatoire ? Cependant au moyen âge ce privilège n’était pas si exceptionnel, et nous savons que certains saints, et même plusieurs Pontifes romains, célébraient plusieurs messes par jour pour donner simplement libre cours à leur dévotion.
Le purgatoire représente la dernière et suprême tentative employée par l’amour de Dieu pour disputer le pécheur au démon et pour l’arracher de ses griffes. Il est comme un temple érigé en l’honneur de la sainteté divine, où les flammes expiatrices détruisent tout ce qui, dans la créature consacrée à Dieu, s’oppose à sa conformité avec Lui, avec sa beauté et ses perfections. Estote perfecti, sicut et Pater vester caelestis perfectus est. Quand donc la sainte Écriture nous parle du feu qui forme le trône de Dieu et qui l’enveloppe de toutes parts, qui constitue le rempart de sa demeure, il faut penser au Purgatoire, où notre faible vertu est éprouvée, comme l’or, dans le creuset de ces ineffables ardeurs de sainteté.
Lorsque l’Apôtre nous dit que Dieu habite au milieu d’une inaccessible lumière, nous devons nous souvenir du sort des pauvres âmes du Purgatoire, dont les yeux, obscurcis par les brouillards du monde, se sentent encore trop faibles pour pouvoir soutenir, comme l’aigle, la vue de cette éblouissante splendeur. Saint Paul nous recommande aussi de prendre garde à la qualité des matériaux avec lesquels nous construisons : or, argent, pierres précieuses, bois, paille (I Cor., 3, 13), car le feu du jugement divin viendra les éprouver. Alors les matériaux solides résisteront, tandis que ceux qui seraient trop fragiles seront détruits, et l’imprudent constructeur, s’il veut se sauver, devra s’enfuir à travers les flammes, non sans se brûler et courir de grands périls. Il pourra bien se mettre à l’abri, ajoute l’Apôtre, mais toujours à travers le feu.
Dans cette comparaison employée par saint Paul pour expliquer sa pensée aux Corinthiens relativement à la pureté de l’enseignement évangélique, les exégètes catholiques voient avec raison une allusion au dogme du Purgatoire. Selon l’Apôtre, il est des fautes insuffisamment graves pour fermer sur notre tête les portes du ciel et ouvrir sous nos pieds le gouffre infernal, mais qui pourtant doivent recevoir, ou ici-bas ou dans l’autre monde, le châtiment proportionné. Ce que fait le feu pour les matériaux de construction, le jugement divin l’accomplit pour les actions morales. Si l’édifice brûle, c’est aux risques du constructeur, qui, ayant vu les flammes dévastatrices, se jette alors en toute hâte au dehors, fuyant à travers le feu et en rapportant de graves brûlures et un dommage.
Si du moins les pauvres âmes du Purgatoire pouvaient obtenir la miséricorde de Dieu ! Mais non, car en Dieu rien n’échappe à l’ordre et tout a son moment propre. Celui de la miséricorde est désormais passé avec la vie du temps, pour faire place au contraire à celui de la justice dans l’éternité. Quand l’édifice est en flammes, on ne peut discuter ni hésiter : le feu n’épargne personne, et celui qui veut avoir la vie sauve doit se jeter hardiment à travers les flammes et s’enfuir.
Le purgatoire est un temple, mais sans sacerdoce ni autel de propitiation. Heureusement toutefois, la Communion des Saints unit en un seul corps mystique les bienheureux du ciel, les fidèles, voyageurs sur la terre et les âmes du purgatoire. En outre, le Sacrifice eucharistique, grâce auquel le Christ, par une seule oblation, a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés : una oblatione consummavit in sempiternum sanctificatos, confère dans le ciel la gloire aux élus, et, dans le purgatoire, lave avec le sang de la Rédemption les souillures de ces membres prédestinés qui, heureusement, sont unies à lui par la foi, l’espérance et l’amour.
Les trois messes suivantes ne diffèrent entre elles que par les lectures et les collectes, car les chants responsoriaux et antiphoniques sont toujours les mêmes.
A LA PREMIÈRE MESSE.
L’antienne d’introït s’inspire d’un texte du IVe livre apocryphe d’Esdras. Cet emploi des apocryphes dans la liturgie est très rare et ne peut être postérieur au VIe siècle.
Suit le premier verset du psaume 64 : « A vous Seigneur est dû l’hymne en Sion ; dans Jérusalem seront accomplis les vœux que l’on vous fait. Écoutez ma prière, car tous les mortels s’adressent à Vous. »
Aujourd’hui le psaume n’est pas suivi de la doxologie, mais on répète immédiatement l’antienne.
L’hymne qui est dû à Dieu dans Sion, et le lieu légal où doivent s’accomplir les vœux qu’on a faits, c’est-à-dire le temple de Jérusalem, symbolisent la vie glorieuse du ciel, où, dans la lumière de la gloire, seront satisfaites toutes nos pieuses aspirations. Il est à remarquer que certains Antiphonaires assignent pour introït l’antienne suivante, qui n’est dite actuellement que lors des funérailles, avant le commencement de la messe : Subvenite, Sancti Dei, succurrite, Angeli Domini, susct-pientes animant eius, afférentes eam in conspectu Altissimi. Psalm, 24. Anima eius in bonis demorabitur, et semen eius haereditet terram.
Collecte. Cette antique collecte est un petit chef-d’œuvre qui vaut tout un traité d’ascétique. On y indique d’abord le motif pour lequel Dieu est si bon pour nous : parce qu’il nous a faits. Nous sommes l’œuvre de ses mains ; et non seulement de ses mains, mais le fruit de sa passion, et il nous a achetés ou plutôt rachetés (redemptor) avec son sang. On met ensuite en cause la communion des Saints, qui unit l’Église orante et militante à l’Église souffrante qui expie dans le purgatoire. Quant au motif spécial qui attire sur les âmes du purgatoire la pitié divine, c’est, non seulement notre prière, mais aussi l’espérance de ces pauvres âmes. Durant leur vie et à leur mort, elles ont mis leur confiance et ont espéré non en leur propre justice, mais en la clémence divine : or, dit l’Apôtre : Spes non confundit, car Dieu ne nous donne jamais moins que ce qu’il nous fait espérer par sa grâce.
La lecture est empruntée à la Ire épître aux Corinthiens (15, 51-57). Saint Paul s’y réfère expressément au sort des justes sortis triomphants de la dernière persécution de l’Antéchrist et qui, en vertu d’un privilège spécial, se trouveront encore en vie au jour de la parousie. L’Apôtre veut révéler un secret aux Corinthiens. Quand, à la fin du monde, le Christ juge reviendra pour juger tous les vivants et les morts, alors, dit-il aux Corinthiens, nous ne mourrons pas tous, mais tous — donc même les justes, qui relinquimur, qui residui sumus, c’est-à-dire ceux qui, par un privilège divin spécial, seront vivants au moment de la parousie — nous serons transformés. Cette transformation, que certains théologiens veulent comparer à une sorte de mort semblable à celle à laquelle succomba la Bienheureuse Vierge, s’accomplira en un instant : in momento, in ictu oculi.
La victoire du Christ sur la mort et sur le péché sera donc complète et définitive, alors que la mort elle-même sera absorbée par la vie ; de la sorte, le corps, sujet encore à la corruption, deviendra incorruptible et immortel, à l’image de celui du commun prototype de tous les élus, Jésus-Christ.
Le répons-graduel répète, dans son premier verset, l’antienne de l’introït. Le second est tiré du psaume 111 : « Le juste laissera un souvenir éternel, et il n’aura à craindre aucun jugement défavorable. » Ce n’est pas toujours en ce monde que cet heureux sort des justes se réalise, mais il s’avère certainement à ce tribunal suprême auquel rien n’est caché et où la lumière de la vérité pénétrera dans les multiples replis de notre cœur. Alors tout ce que nous aurons fait même de plus secret, sera dévoilé à la face du monde entier dans les grandes et suprêmes assises de l’humanité.
Suit le trait qui cependant est généralement omis dans les Sacramentaires, puisqu’il s’agit d’une messe votive, de caractère non point joyeux mais funèbre. Qu’on se souvienne que le psaume trait était la caractéristique primitive des stations dominicales, ou du moins très solennelles, avant que saint Grégoire instituât le chant alléluiatique des dimanches hors du Carême.
Trait. — « Absolvez, Seigneur, de tout péché, les âmes de tous les fidèles défunts. V/. Afin que, par le secours de votre grâce, elles puissent échapper à une sentence défavorable. V/. Et jouir, au contraire des splendeurs de l’éternelle béatitude. »
Dans un grand nombre de ses prières funèbres comme d’ailleurs en celle-ci, la liturgie se rapporte au moment suprême et décisif du jugement particulier de l’âme où son sort se décide pour l’éternité. Les prières de l’Église accompagnent le mort couché dans son cercueil ; mais Dieu, pour qui il n’y a ni passé ni futur, a déjà vu comme présente la médiation de l’Église, laquelle devient ainsi un élément propitiatoire qui influe puissamment sur le jugement divin. C’est le vœu de l’Épouse et de la Mère, auquel ne peut certes demeurer indifférent le cœur de l’Époux et du Père universel.
La séquence Dies irae du franciscain Thomas de Celano, décrit avec des couleurs dignes de Michel-Ange le jugement universel. Nous faisons cette comparaison simplement pour qualifier un style, car ce n’est pas le peintre qui a inspiré le poète, mais c’est Michel-Ange qui, dans le drame terrible qu’il a évoqué sur le mur de la Chapelle Sixtine, s’est inspiré des notes effrayantes du franciscain médiéval. Le peintre de Jules II y a certainement puisé, outre les éléments apocalyptiques de son tableau, cette couleur chaude qui le distingue, ce caractère de force terrible qui domine dans presque toutes ses figures, y compris celle de la Vierge Marie elle-même. A l’origine on chantait cette séquence : Dies irae le Ier dimanche de l’Avent, comme se rapportant à la lecture évangélique de la fin du monde et du jugement universel. Mais par la suite, à cause de l’adjonction des deux derniers vers en faveur des défunts, elle fut, à tort ou à raison, adaptée à la messe de requiem. Dans ce cas d’ailleurs, on ne peut vraiment donner le nom de séquence à cette composition, car la séquence n’était autre à l’origine qu’une œuvre en prose ou en vers, adaptée aux mélismes trop prolongés qui suivaient l’alléluia au début du moyen âge. A la place de la simple et trop longue vocalise alléluiatique, on adapta donc des versets, appelés pour cette raison, et conformément à la terminologie grecque : sequentia ou acoluthia. Or il est clair que, si le verset alléluiatique n’existe pas, il ne saurait être question de séquence proprement dite. II faut en outre remarquer ici la psychologie religieuse de la société médiévale, au sein de laquelle naquit le tragique poème de Thomas de Celano, et la distance qui sépare sa muse de l’inspiration sereine et calme qui dicta jadis les épigraphes des catacombes et la très ancienne hymne vespérale jucundum lumen du lucernaire byzantin.
On peut même dire que le phôs hilaron et le dies irae sont comme les deux points extrêmes marquant le début et la fin de l’antique hymnodie chrétienne. Entre l’un et l’autre, onze siècles se sont écoulés. Le dogme demeure immuable, mais dans l’esprit des masses qui doivent le vivre au XIIIe siècle, quel changement est survenu ! L’hymne vespérale est l’hymne de la lumière sereine : iucundum lumen, de la joie, de la vie d’intimité avec Dieu, propre aux premiers siècles chrétiens, siècles de sacrifice et de martyre. Au contraire, le Dies irae traduit les remords d’une génération pleine de colères et de luttes fratricides
d’un siècle de légèreté et d’oubli du Seigneur. Le iucundum lumen est serein parce qu’il aime ; le Dies irae au contraire tremble et s’effraie parce que la génération qui l’a dicté entend les reproches de la conscience coupable.
On peut dire que la lecture de l’Évangile (Jean., 5, 25-29) contient le texte de la Bonne Nouvelle, du mysterium dont tout à l’heure parlait saint Paul dans le magnifique passage de son épître aux Corinthiens. Le Christ est le nouvel Adam, et l’humanité tout entière forme son héritage. Comme Dieu, il a la même vie et la même nature divine que son Père ; aussi sa mission sotériologique est-elle de vivifier, de gouverner et de juger. Dieu a voulu restaurer en Lui toutes les ruines faites dans le monde par le péché, et c’est le motif de la résurrection glorieuse des justes, selon le prototype qui est Jésus. Quant aux pécheurs, ils ressusciteront eux aussi pour comparaître au jugement ; mais cette vie éternelle de peines sera pour eux pire que la mort, à ce point que l’Écriture l’appelle sans plus : mors secundo. Leur réprobation ne nuira d’ailleurs aucunement à la gloire du Christ, parce que, du fait de leur scission spontanée, ils ne lui appartiennent plus, et l’intégrité du corps mystique du Sauveur est parfaite, même sans eux.
Aujourd’hui l’offertoire, avec la répétition de sa finale, a conservé son antique caractère musical de chant antiphonique. A vrai dire, l’offertoire devrait être un chant de psaume et non une prex, comme l’est en effet le Domine lesu Christe inséré aujourd’hui dans le Missel. Mais il ne faut pas oublier que toute la messe pro defunctis représente un tardif assemblage d’éléments plus anciens contenus dans les divers Sacramentaires. Dans quelques Antiphonaires nous trouvons en effet, pour l’offertoire de la messe des défunts, le psaume 50 : Miserere, ou la belle antienne : Dextera Domini, du psaume 117, que le Missel a assignée au IIIe dimanche après l’Épiphanie.
L’offertoire suivant était également en usage : R/. Erue, Domine, animas eorum ab omni vinculo delictorum, ut in resurrectionis gloria inter Sanctos tuos resuscitari mereatur. V/. Tuam, Deus ,piissime Pater, deposcimus pietatem .ut eis tribuere digneris placidas et quietas mansiones.
L’offertoire prescrit aujourd’hui par le Missel, où les fonctions de signifer sont attribuées à saint Michel, est sûrement du haut moyen âge. En effet, ces fonctions de psychopompe (Celui qui introduit les âmes dans l’autre monde) attribuées à saint Michel, se retrouvent dans un très grand nombre d’autres documents de la littérature chrétienne primitive, où saint Michel est appelé : Praepositus paradyso, princeps Angelorum, et est chargé de peser dans la balance le mérite des âmes avant de les introduire dans le royaume céleste. En effet, dans l’Histoire arabe de saint Joseph le charpentier, le Saint prie ainsi : Si ma vie, Seigneur, est à son terme ; si le moment est venu pour moi de sortir de ce monde, envoyez-moi Michel, le prince de vos saints Anges. Qu’il reste près de moi, afin que ma pauvre âme sorte en paix, sans peine ni crainte, de ce corps affligé. — Cet apocryphe est sûrement antérieur au IVe siècle.
Dans le Sacramentaire Gélasien, nous trouvons la prière suivante pour les défunts : ... suscipe,Domine, animam servi lui... revertentem ad te. Adsit ei Angélus Testamenti tui, Michael.
Voici l’antique collecte qui précède l’anaphore consécratoire : « Recevez favorablement, Seigneur, les hosties que nous vous offrons pour vos serviteurs et vos servantes, afin que, leur ayant accordé le mérite de la foi chrétienne, vous leur en donniez aussi la récompense. » La liturgie des défunts insiste beaucoup sur le mérite de la foi catholique, par lequel l’Église veut recouvrir après la mort, comme d’un voile pieux, les misères de l’humanité fragile et défectible. En effet, la foi catholique, professée et vécue, est le moyen authentique de nous approcher de Dieu, et, avec la charité et la grâce, elle est la première racine de notre mérite dans l’ordre surnaturel, selon la parole de l’Apôtre : Accedentem ad Deum oportet credere.
La préface des défunts a été insérée dans le Missel romain sous Benoît XV. Elle représente une heureuse retouche faite à une antique préface en usage dans quelques églises gallicanes : Vere dignum... per Christum Dominum nostrum. In Quo no bis spes beatae resurrectionis effuhit, lit quos contristat certa moriendi conditio, eosdem consoletur futurae immortalitatis promissio. Tuïs enim fidelibus, Domine, vita mutatur, non Mlitur, et dissoluta terrestris huius incolatus dôme, aeterna in caelis habitatio compa-ratur, per Christum. Et ideo cum Angelis etc.
Cette antique composition liturgique est un vrai joyau, et à elle seule elle vaut beaucoup plus que toutes les navrantes inscriptions funéraires des cimetières modernes. Là où la nature est tentée de ne voir qu’une scène de mort et de larmes, l’Église s’élève au contraire jusqu’à la sublime contemplation de la résurrection et de la vraie vie. Vita mutatur, non tollitur. Pourquoi donc nous épuiser à pleurer, alors que le défunt, en nous laissant, n’a rien perdu et a, au contraire, tout gagné ? En échange de la vie temporelle, il a reçu la vie éternelle ; à la place d’une maison de boue, il a obtenu l’habitation céleste ; au lieu du monde, il a gagné Dieu lui-même. C’est pour cette raison que les premiers chrétiens, dans l’épigraphie cimétériale, évitaient même d’employer le mot mortuus ; ils disaient simplement dormit, depositus, defunctus. Aujourd’hui encore, les Grecs entonnent l’alléluia lors des funérailles, et durant la semaine de Pâques, s’ils ont à célébrer des obsèques, l’office n’est autre que celui de la résurrection du Christ.
L’antienne pour la Communion du peuple, dans quelques Sacramentaires, est empruntée à l’Évangile selon saint Jean (11, 25-26) : Ego sum resurrectio et vita, dicit Dominus. Qui crédit in me, etiam si mortuus fuerit, vivet. Dans le Missel actuellement en usage, la Communion s’inspire au contraire d’un texte responsorial qui rappelle de loin celui d’Esdras indiqué plus haut.
Après la Communion. Le sacrement de la Rédemption veut nous rendre conformes au Christ, notre chef mystique. La grâce inaugure cette ressemblance et cette conformité, mais c’est dans la lumière de la gloire que le sacrifice eucharistique obtient la plénitude de son effet, commencé durant notre pèlerinage ici-bas.
A la seconde et à la troisième messes, les antiennes et les répons sont les mêmes qu’à la première. Il n’y a de propres que les collectes et les lectures, et celles-ci ont d’ailleurs été empruntées elles aussi à d’autres messes du recueil pro defunctis.
A LA DEUXIÈME MESSE.
Collecte. Dans l’antiquité, le refrigerium désignait non seulement l’agape funèbre célébrée en mémoire des défunts, mais aussi le banquet céleste promis par Jésus dans l’Évangile à ses fidèles serviteurs : Faciet illos discumbere, et transiens ministrabit illis (Luc., 12, 37).
Les deux lectures sont empruntées à la messe in anniversario defunctorum.
La première est tirée du Livre des Machabées (12, 43-46) et a trait à la collecte faite par Judas après la bataille, dans le but de faire offrir à Jérusalem un sacrifice pour les soldats morts. L’Auteur sacré qualifie cette pensée de sainte et utile, et même de profession de foi en la résurrection future. Si en effet celle-ci ne nous avait pas été promise, pourquoi nous préoccuperions-nous du sort des âmes des défunts ? Ce texte sacré est important, car il confirme une fois de plus le dogme catholique du purgatoire et la pratique universelle et très ancienne de l’Église, de secourir les âmes des défunts par le divin Sacrifice, les prières et les aumônes.
La lecture évangélique est tirée de saint Jean (6, 37-40). La volonté du Père en nous donnant Jésus-Christ, est que Celui-ci nous accorde ce que Lui-même est et possède, c’est-à-dire la lumière, la vie, le salut et la résurrection. Le Christ est donc pour nous en quelque sorte la mesure de la magnifique promesse que le Seigneur nous a faite par Lui : ut digni effîciamtr promissionibus Christi.
Sur les ablations. La messe est appelée, ici et dans le Canon : Sacrificium laudis, parce qu’elle contient la louange, l’adoration et l’action de grâces parfaite que le Christ lui-même, gratias agens pour nous, rend à son Père,
Après la Communion. Voilà comment, suivant la parole du pape Célestin Ier, legem credendi lex statuiat supplicandi, et comment les vénérables formules des antiques collectes liturgiques proclament que le sacrifice eucharistique a une valeur satisfactoire et propitiatoire même pour les défunts. Telles ont été la foi et la discipline constantes de l’Église, foi et discipline auxquelles se rapporte un texte des apocryphes Actus Iohannis, qui sont du IIe siècle. L’Apôtre et Andronicus nous y sont montrés se rendant au tombeau de Drusiana le troisième jour après sa mort.
A LA TROISIÈME MESSE.
Tout est commun à la première messe, sauf les lectures et les collectes. Les lectures sont empruntées à la Missa quotidiana pro defunctis, et les prières sont celles qui sont indiquées : pro defunctis fratribus, propinquis et benefactoribus, et qu’on dit aussi à la messe quotidienne pour les trépassés.
La première lecture est tirée de l’Apocalypse (14, 13). Le Voyant de Pathmos a l’ordre d’écrire : bienheureux les défunts qui meurent dans le Seigneur. Et pourquoi ? Parce que ces ouvriers infatigables de la vigne du Seigneur ne se sont pas détachés du travail, tant que le Saint-Esprit lui-même ne leur a pas dit : Assez. Ils sont alors sortis d’ici. Comme l’observe Job, ils y étaient arrivés nus, et nus ils s’en sont allés, laissant a d’autres leurs maisons, leurs terres, leurs biens. Avec eux ils n’ont emporté qu’une seule chose : leurs œuvres.
Nous devons tirer aujourd’hui deux conséquences pratiques de la méditation de ce passage de l’Écriture. Maintenant il faut travailler sans relâche, et personne n’a le droit de se dire : assez, jusqu’à ce que nous le dise l’Esprit divin, au jour de notre mort. D’autre part, en vue du voyage de l’éternité, nous devons préparer des bagages qui nous suffisent pour tous les siècles, et, pour que rien ne soit considéré comme objet de contrebande, pour qu’on ne nous arrête pas à la frontière, nous n’y devons rien mettre d’autre que les bonnes œuvres, et beaucoup de bonnes œuvres.
La lecture de l’Évangile est, elle aussi, tirée de saint Jean (6, 51-52). C’est un passage de l’admirable discours sur l’Eucharistie, fait par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm. De même que tout fut fait et créé à l’origine par le Verbe, c’est également en Lui que l’humanité est vivifiée et conduite vers sa fin dernière, la béatitude. Le Christ est le pain de vie divine descendu du Ciel. Celui qui le mange, c’est-à-dire celui qui s’incorpore à Lui dans le Sacrement, et vit de Lui par cette foi quae per dilectionem operatur, celui-là a la vraie vie, et dès cette terre il reçoit et cache dans son sein le germe de la vie immortelle.
Des vêpres de la Toussaints aux vêpres des défunts. Il n’y a pas, dans toute l’année, de vêpres qui fassent sur moi une impression aussi profonde que les secondes vêpres de la Toussaint suivies des vêpres des morts pour tous les fidèles trépassés. L’autel était d’abord paré de précieux reliquaires. Les saints eux-mêmes étaient présents dans leurs augustes restes sur l’autel qui symbolise le Christ. L’autel avait revêtu sa parure de fête : un antependium doré, des nappes blanches comme la neige. Il portait les six chandeliers dorés avec les six grands cierges allumés. Sur le retable étincelait l’Agneau de l’Apocalypse. Sur le trône était assis, comme représentant du Père éternel, l’Abbé, revêtu de la chape brochée d’or ; autour de lui, se tenaient “les vieillards” du monastère, en ornements blancs, tandis que, dans l’avant-chœur, les quatre choristes, vêtus de chapes précieuses, menaient le chant des vêpres et que le chœur des moines s’unissait aux mélodies célestes. Dans la vaste église abbatiale se tenaient debout ou assis “la foule des fidèles que personne ne pouvait compter, venant de toutes les classes sociales”. Et sur tout cela se répandaient en accords joyeux et enthousiastes les sons majestueux de l’orgue. C’était une heure de joie céleste. A peine avait-on chanté le “ Benedicamus Domino ” solennel que s’approchait de l’autel le thuriféraire, accompagné de huit porte-flambeaux. Les quatre choristes montaient à l’autel, prenaient avec respect les reliquaires et sortaient de l’église, au milieu des flambeaux allumés. Les bienheureux retournaient dans leur patrie céleste qu’ils avaient quittée pour quelques instants pour célébrer avec leurs frères et sœurs de la terre la fête de la Toussaint. Le Pontife se joignait avec ses assistants au cortège des saintes reliques. Dieu le Père, lui aussi, quittait la terre, sous le signe du symbole avec les vieillards. La majestueuse procession était tout entière enveloppée par les fumées de l’encens dont le Voyant de l’Apocalypse a écrit que c’était “la prière des saints” (Apoc., V, 8). Seul, le Fils de Dieu demeurait sur l’autel dans l’image du crucifix. Les lumières s’étaient éteintes ; l’orgue faisait entendre la plainte de lugubres accords. Des moines en ornements noirs étendaient un drap noir devant l’autel. Les cierges étaient maintenant de cire jaune. Des prêtres en chapes noires arrivaient à l’autel et entonnaient le chant plaintif du purgatoire : “Je marcherai devant le Seigneur dans la terre des vivants.” Le chant d’allégresse de la Toussaint s’est tu ; ce sont les âmes souffrantes qui gémissent.
La Commémoraison de tous les fidèles trépassés : “Donnez-leur le repos éternel”
Le Martyrologe annonce aujourd’hui en premier lieu : “Aujourd’hui, nous faisons la commémoration de tous les fidèles trépassés. L’Église, notre mère commune, après avoir mis tous ses soins à célébrer par de dignes louanges tous ses enfants qui jouissent déjà du bonheur céleste, veut aussi secourir toutes les âmes qui languissent encore dans le lieu de purification, en intercédant de tout son pouvoir pour elles auprès de Dieu et de son Époux, le Christ, afin qu’elles soient réunies le plus vite possible à la communauté des citoyens du ciel.”
Historique. L’institution d’un jour commémoratif de tous les fidèles trépassés encore détenus dans le purgatoire remonte au pieux et saint Odilon, Abbé de Cluny (mort en 1048), qui décréta, en 998, que, dans tous les monastères de l’Ordre de Cluny, on célébrerait, après les vêpres du 1er novembre, l’office des morts. Cette coutume fut imitée et enfin adoptée par l’Église universelle. Le pape Pie X a donné au jour des morts le nom de “ grande fête des pauvres âmes ” ; chaque prêtre peut dire trois messes ce jour-là.
L’Office des Morts. C est la prière liturgique de la profonde compassion, de la généreuse assistance, de l’efficace consolation, de la tristesse modérée, dans un esprit de solide charité chrétienne. Notre place dans cet office des Heures se trouve entre le Dieu infiniment juste et miséricordieux et les chères âmes du purgatoire qui nous sont unies. Toutefois, nous ne demeurons pas là inertes, mais nous sommes attirés, tantôt vers Dieu, tantôt vers nos frères et nos sœurs qui souffrent, comme des anges consolateurs. Dieu se montre à nous dans sa souveraineté vengeresse, dans sa sainteté, dans son infinie bonté. C’est avant tout en nous tournant vers Dieu, en nous approchant de Dieu que nous devons réciter l’office des morts. Il veut, par la souffrance vindicative et purificatrice, délivrer de toute souillure et de tout péché ses serviteurs et amis qui sont morts en état de grâce sanctifiante, pour les admettre à la contemplation d’éternelle félicité et à l’union avec lui dans la Jérusalem céleste. Notre union avec les âmes souffrantes est si intime dans l’office des morts que nous y rencontrons les défunts dans les différents états et dans les divers degrés de leurs besoins et de leurs tourments, que nous nous substituons souvent à eux en esprit dans le feu du purgatoire, en prenant sur nous tous leurs châtiments et toutes leurs souffrances, pour gémir à leur place, pour implorer avec instance et confiance l’adoucissement de leurs peines, mais aussi pour remercier Dieu, avec un cœur filial, de son pardon.
L’office des morts ressemble, à divers points de vue, à l’office des trois grands jours de la semaine sainte. Les formules d’introduction et de conclusion habituellement usitées sont la plupart du temps supprimées (verset initial, hymne, Gloria Patri, absolution et bénédiction avant les leçons, conclusion “tu autem” après les leçons). Toutes les parties de l’office se développent avec une joie solennelle, traversée par un souffle de tristesse grave et contenue. Les prières finales de chaque Heure se récitent à genoux ; nous sommes des intercesseurs suppliant en faveur des chers trépassés.
Jusqu’à Pie X, l’office des morts n’avait que les vêpres, les matines et les laudes, les trois Heures canoniques antiques et primitives. Maintenant il est complété pour le jour de la commémoraison de tous les fidèles trépassés par les autres Heures, de sorte qu’il constitue un office propre complet. L’ancien office, qui ne comprenait que les vêpres, les matines et les laudes, est un souvenir de l’office liturgique primitif de l’Église. — Les vêpres des morts produisent une profonde impression sur l’âme. Au lieu de la louange, c’est la supplication qui retentit sans cesse : “Seigneur, donnez-leur le repos éternel...” Dans les psaumes, nous chantons avec les âmes souffrantes et pour elles. Dans tous les psaumes de l’office, la pensée du purgatoire nous fait réfléchir à la misère et à la faiblesse de l’homme, à l’angoisse de l’heure dernière et du jugement, aux peines finales, mais aussi à l’infinie bonté de Dieu qui console et conduit au ciel. Au point culminant des vêpres, à Magnificat, l’espérance grandit : alors apparaît en personne le Divin Rédempteur qui nous promet, dans l’antienne, d’attirer à lui dans le royaume des cieux tous ceux que son Père lui a donnés.
Les Matines des morts commencent par le bel invitatoire : “Venez, adorons le Roi pour qui tout être vit.” Dans les leçons du premier nocturne, c’est Job, l’homme patient, la figure saisissante de ceux qui souffrent en purgatoire, qui implore la délivrance de ses cruelles souffrances dont il trace le tableau en gémissant et dont il désire connaître la cause. Au second nocturne, nous lisons un passage du livre de saint Augustin sur la sollicitude à témoigner aux défunts. Ce vénérable monument nous expose le prix qu’il faut attacher au corps humain, la piété avec laquelle on doit enterrer les cadavres et le devoir de prier pour les morts, à l’exemple de l’Église qui offre prières et sacrifice de la messe pour ceux envers qui elle peut quelque chose. Dans les leçons du troisième nocturne, l’Apôtre des nations proclame notre foi à la résurrection du Christ. Les antiennes, qui expriment ordinairement les sentiments des âmes souffrantes, produisent une impression particulièrement saisissante. Les psaumes qu’elles encadrent font entendre tour à tour le chant de la pénitence (1er et 3e nocturnes) et l’espérance du pardon (2e nocturne). — Les Laudes des morts expriment les sentiments d’une joyeuse espérance qui sont disséminés dans tout l’office. Elles commencent heureusement par le psaume 50, un psaume de la pénitence, mais elles passent bien vite au sentiment de joyeuse reconnaissance pour la moisson (ps. 64), à l’ardent désir de l’union à Dieu (ps. 62), à la joie de la résurrection (Cantique et ps. 150). Le cantique d’Ezéchias peint justement à merveille le passage des feux du purgatoire à la félicité du ciel.
La Messe de tous les fidèles trépassés (Requiem aeternam). Elle contient, comme les autres messes des morts, deux éléments exprimant différentes sortes de sentiments et de pensées. Le premier élément, le plus ancien, remontant à l’antiquité chrétienne, a des accents joyeux et expose le consolant message de la résurrection de la chair. C’est à lui qu’appartient l’Introït avec le joyeux psaume de la moisson (ps. 64) : l’Église pense à la moisson des âmes ; il faut réciter le psaume tout entier pour comprendre son application. C’est encore à ce premier élément qu’appartiennent les deux lectures, deux joyeuses révélations de la glorieuse résurrection des morts. Dans l’Épître, l’Apôtre explique le mode de la résurrection de la chair : la chair ressuscitera, mais ce n’est pas le corps putrescible, mais un corps glorifié qui sera réuni à l’âme. A l’Évangile, le Christ se tient devant nous comme celui qui ressuscite d’une double mort : sur la terre, il ressuscite les hommes à la vie de la grâce ; au jugement dernier, il les ressuscitera, corps et âme, à la vie de la gloire. Ici aussi se place la belle préface des morts (elle est sans doute de date très récente, mais elle remonte à un ancien type de la liturgie mozarabe). Ces courts versets sont d’une beauté inimitable : “Dans le Christ a lui pour nous l’étoile de l’espérance en la bienheureuse résurrection... A vos fidèles, Seigneur, la vie n’est pas enlevée, mais seulement renouvelée ; quand cet asile de leur pèlerinage tombe en poussière, l’éternelle habitation leur est accordée dans le ciel.”
Le second élément de la messe des morts remonte au Moyen Age, qui portait davantage son attention sur le péché ; il n’exprime pas la même joie ni le même esprit de victoire, mais il est pénétré de sollicitude pour les pauvres âmes dont il demande la délivrance. Ce second élément peint la mort et le jugement en sombres couleurs. Ce caractère apparaît dans la saisissante Séquence (Dies irae), qui est une peinture très poétique du jugement dernier. Le beau chant de l’Offertoire nous montre en saint Michel le guide des âmes, qui, la hampe de son étendard plantée devant les abîmes de l’enfer, les introduit dans la sainte lumière. Ce morceau est l’unique exemple, dans notre missel, d’un offertoire composé de versets (la procession des offrandes à la messe des morts dure plus longtemps qu’aux autres messes, d’où le développement plus considérable du chant). Cet antique chant s’inspire de la conception que se faisait l’antiquité païenne de la conduite des âmes. La supplication, deux fois répétée, demandant que les âmes “ ne tombent pas dans l’oubli ”, rappelle aussi la conception païenne (du fleuve de l’oubli). La foi à la résurrection de la chair et la prière pleine de sollicitude pour la délivrance des chers défunts, tel est donc le contenu de la messe d’aujourd’hui.
A remarquer que, pendant toute la durée de la messe, les fidèles tiennent des cierges allumés ; ceux-ci ne symbolisent plus, comme d’ordinaire au cours de l’année, la grâce du baptême, mais les âmes souffrantes au lieu et place desquelles nous sommes là et pour lesquelles nous aspirons à “ l’éternelle lumière ”.
Invitatoire. Le Roi pour qui vivent toutes les créatures, * Venez, adorons-le. Les Leçons se disent sans absolution, sans bénédiction et celles du premier nocturne sans titre, on les termine sans ajouter Tu autem.
AU PREMIER NOCTURNE.
Job 7, 16-21.
Première leçon. Épargnez-moi, Seigneur ; car mes jours ne sont rien. Qu’est-ce qu’un homme pour que vous fassiez un si grand cas de lui ? ou pourquoi mettez-vous sur lui votre cœur ? Vous le visitez au point du jour, et aussitôt vous l’éprouvez ; jusques à quand ne m’épargnerez-vous point, et ne me laisserez-vous pas avaler ma salive ? J’ai péché, que ferai-je pour vous, ô gardien des hommes ? Pourquoi m’avez-vous mis en opposition avec vous et suis-je à charge à moi-même ? Pourquoi n’ôtez-vous point mon péché, et pourquoi n’enlevez-vous pas mon iniquité ? Voilà que maintenant je dormirai dans la poussière, et, si vous me cherchez dès le matin, je ne serai plus.
R/. Je crois que mon Rédempteur est vivant ; et qu’au dernier jour je ressusciterai de la terre : * Et que dans ma chair, je verrai mon Dieu. V/. Je dois le voir moi-même, et non un autre, et mes yeux doivent le contempler. * Et que dans ma chair...
Job 14, 1-6.
Deuxième leçon. L’homme né d’une femme, vivant peu de temps, est rempli de beaucoup de misères. Comme une fleur, il s’élève et il est brisé ; et il fuit comme l’ombre, et jamais il ne demeure dans un même état. Et vous croyez, ô Dieu, qu’il soit digne de vous d’ouvrir les yeux sur un tel être, et de l’appeler avec vous en jugement ? Qui peut rendre pur celui qui a été conçu d’un sang impur ? N’est-ce pas vous, qui seul êtes pur ? Les jours de l’homme sont courts ; le nombre de ses mois est en vos mains-vous avez marqué son terme, lequel ne pourra être dépassé. Retirez-vous un peu de lui, afin qu’il se repose, jusqu’à ce que vienne, comme pour un mercenaire, son jour désiré.
R/. Vous qui avez ressuscité Lazare, alors que, déposé dans le tombeau.il sentait déjà mauvais : * Vous, Seigneur, donnez-leur le repos et faites-les parvenir au séjour de paix. V/. Vous, qui devez venir pour juger les vivants et les morts, et le monde par le feu. * Vous.
Job 19, 20-27.
Troisième leçon. A ma peau, après que ma chair a été consumée.se sont collés mes os, et il n’est resté seulement que les lèvres autour de mes dents. Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, parce que la main du Seigneur m’a touché. Pourquoi me persécutez-vous comme Dieu.et vous rassasiez-vous de ma chair ? Qui m’accordera que mes paroles soient écrites ?Qui me donnera qu’elles soient tracées dans un livre avec un stylet de fer et sur une lame de plomb, ou qu’elles soient gravées au burin sur la pierre ? Car je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’au dernier jour, je ressusciterai de la terre ; et que de nouveau je serai environné de ma peau, et que dans ma chair je verrai mon Dieu. Je dois le voir moi-même, et non un autre, et mes yeux doivent le contempler : c’est là mon espérance, elle repose dans mon sein.
R/. Seigneur, quand vous viendrez juger la terre, où me mettrai-je à couvert des traits de votre colère ? * Car j’ai beaucoup péché dans ma vie. V/. Je crains mes offenses et je rougis devant vous ; lorsque vous viendrez juger, ne me condamnez pas. * Car j’ai... Le repos éternel, donnez-leur, Seigneur ; et que la lumière sans fin luise sur eux. * Car j’ai...
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Du livre de Saint Augustin, évêque : « Des devoirs à rendre aux morts ».
Quatrième leçon. Le soin des funérailles, les conditions honorables de la sépulture, la pompe des obsèques, sont plutôt une consolation pour les vivants qu’un secours pour les morts. Toutefois, ce n’est point là un motif de mépriser et de dédaigner les corps des défunts, surtout ceux des justes et des fidèles, qui ont été comme les instruments et les vases dont l’âme s’est saintement servie pour toutes sortes de bonnes œuvres. Si le vêtement et l’anneau d’un père, si quelque autre souvenir de ce genre, reste d’autant plus cher à des enfants que leur affection envers leurs parents est plus grande.il ne faut en aucune manière traiter sans respect le corps lui-même, que nous portons plus intimement et plus étroitement uni à nous que n’importe quel vêtement. Nos corps, en effet, ne nous sont pas un simple ornement ou un instrument mis extérieurement à notre usage, mais ils appartiennent à la nature même de l’homme. De là vient qu’une piété légitime s’est empressée de rendre aux anciens justes les soins funèbres, de célébrer leurs obsèques et de pourvoir à leur sépulture, et qu’eux-mêmes ont souvent, pendant leur vie, fait des recommandations à leurs fils au sujet de la sépulture ou même de la translation de leur corps.
R/. O Dieu, souvenez-vous que ma vie n’est qu’un souffle. * Le regard de l’homme ne m’apercevra pas. V/. Des profondeurs de l’abîme j’ai crié vers vous, Seigneur ; Seigneur, écoutez ma voix. * Le regard...
Cinquième leçon. Quand les fidèles témoignent aux défunts l’affection d’un cœur qui se souvient et qui prie, leur action est sans nul doute profitable à ceux qui ont mérité, quand ils vivaient en leur corps, que de semblables suffrages leur soient utiles après cette vie. Mais lors même qu’en raison de quelque nécessité, l’on ne trouve point moyen, soit d’inhumer des corps, soit de les inhumer en quelque lieu saint, encore faut-il ne pas omettre d’offrir des supplications pour les âmes des morts. C’est ce que l’Église a entrepris de faire à l’intention de tous les chrétiens décèdes dans la communion de la société chrétienne, et même sans citer leurs noms, par une commémoraison générale, en sorte que ceux auxquels font défaut les prières de parents, d’enfants, de proches ou d’amis, reçoivent ce secours de cette pieuse mère, qui est une et commune à tous les-fidèles. Si ces supplications qui se font pour les morts avec foi droite et piété venaient à manquer, je pense qu’il n’y aurait pour les âmes aucune utilité à ce que leurs corps privés de vie fussent placés en n’importe quel lieu saint.
R/. Ayez pitié de moi, Seigneur, car j’ai beaucoup péché dans ma vie ; que ferai-je, malheureux ? où fuirai-je, sinon vers vous, mon Dieu ? * Ayez pitié de moi, lorsque vous viendrez au dernier jour. V/. Mon âme est troublée à l’excès ; mais, vous Seigneur, secourez-la. * Ayez pitié...
Sixième leçon. Cela étant, soyons bien persuadés que, dans les solennités funéraires, nous ne pouvons faire parvenir du soulagement aux morts auxquels nous nous intéressons, que si nous offrons pour eux au Seigneur le sacrifice de l’autel, celui de la prière ou de l’aumône. Il est vrai que ces supplications ne sont pas utiles à tous ceux pour lesquels elles se font, mais seulement à ceux qui, au temps de leur vie, ont mérité de se les voir appliquées. Mais il vaut mieux offrir des suffrages superflus pour des défunts à qui ils ne peuvent ni nuire ni profiter, que d’en laisser manquer ceux auxquels ils sont utiles. Chacun cependant s’empresse de s’acquitter avec ferveur de ce tribut de prières pour ses parents et ses amis, afin que les siens en fassent autant pour lui-même. Quant à ce qu’on fait pour le corps qui doit être inhumé, il n’en résulte point de secours pour le salut du défunt, mais c’est un témoignage humain de respect ou d’affection, conforme au sentiment selon lequel personne ne hait sa propre chair. Il faut donc prendre lesoin que l’on peut de l’enveloppe de chair laissée par un de nos proches, quand lui-même, qui en prenait soin, l’aura quittée. Et si ceux qui ne croient pas à la résurrection de la chair agissent ainsi, combien ceux qui croient ne doivent-ils pas faire davantage, afin que les derniers devoirs soient rendus de telle manière à ce corps mort, mais destiné à ressusciter et à demeurer éternellement, qu’on y trouve même, en quelque sorte, un témoignage de cette foi.
R/. Ne vous souvenez pas de mes péchés, Seigneur. * Quand vous viendrez juger le siècle par le feu. V/. Seigneur mon Dieu, dirigez ma voie en votre présence. * Quand vous. Le repos éternel, donnez-leur, Seigneur ; et que la lumière sans fin luise sur eux. * Quand vous.
AU TROISIÈME NOCTURNE.
De l’Épitre de l’Apôtre S. Paul aux Corinthiens.
Septième leçon. Si on prêche que le Christ est ressuscité d’entre les morts, comment quelques-uns disent-ils parmi vous qu’il n’y a point de résurrection des morts ? Or, s’il n’y a point de résurrection des morts, le Christ n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et vaine est aussi votre foi. Nous nous trouvons même être de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous rendons ce témoignage contre Dieu, qu’il a ressuscité le Christ, qu’il n’a pourtant pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point. Car, si les morts ne ressuscitent point, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Que si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine ; vous êtes encore dans vos péchés. Donc ceux aussi qui se sont endormis dans le Christ ont péri. Si c’est pour cette vie seulement que nous espérons dans le Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. Mais très certainement le Christ est ressuscité d’entre les morts, comme prémices de ceux qui dorment ; car par un homme est venue la mort, et par un homme la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, tous revivront aussi dans le Christ.
R/. La crainte de la mort me trouble, moi qui pèche chaque jour et ne fais point pénitence ; * Car, dans l’enfer, il n’y a plus de rédemption à espérer ; ayez pitié de moi, 0 Dieu, et sauvez-moi. V/. Dieu, sauvez-moi par votre nom, et délivrez-moi par votre puissance. * Car, dans...
Huitième leçon. Mais, dira quelqu’un, comment les morts ressuscitent-ils ? Ou avec quel corps reviendront-ils ? Insensé, ce que tu sèmes n’est point vivifié, si auparavant il ne meurt. Et ce que tu sèmes n’est pas le corps même qui doit venir, mais une simple graine, comme de blé, ou de quelque autre chose. Mais Dieu lui donne un corps, comme il veut, de même qu’il donne à chaque semence son corps propre. Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est celle des hommes, autre celle des brebis, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais autre est la gloire des célestes, autre celle des terrestres. Autre est la clarté du soleil, autre la clarté de la lune, autre la clarté des étoiles. Une étoile même diffère d’une autre étoile en clarté. Ainsi est la résurrection des morts. Le corps est semé dans la corruption, il ressuscitera dans l’incorruptibilité. Il est semé dans l’abjection, il ressuscitera dans la gloire ; il est semé dans la faiblesse, il ressuscitera dans la force. Il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel.
R/. Seigneur, ne me jugez pas selon mes actions ; je n’ai accompli en votre présence rien qui soit digne de vous, aussi j’implore votre majesté. * Afin que vous, ô Dieu, vous effaciez mon iniquité. V/. Lavez-moi encore plus de mon iniquité, Seigneur, et purifiez-moi de mon péché. * Afin que.
Neuvième leçon. Voici que je vais vous dire un mystère. Nous ressusciterons bien tous, mais nous ne serons pas tous changés. En un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Puisqu’il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Et quand ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors sera accomplie cette parole qui est écrite : La mort a été absorbée dans sa victoire. O mort, où est ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon ? Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la force du péché, la loi. Ainsi, grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes et inébranlables, vous appliquant toujours de plus en plus à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur.
R/. Délivrez-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable. * Quand les deux et la terre seront ébranlés, * lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu. V/. Je suis tremblant et saisi de crainte, en pensant à cet examen qui se doit faire, et à la vengeance qui le suivra. * Quand les deux et la terre seront ébranlés.V/. Ce jour-là sera un jour de colère, de calamité et de misère, un jour grand et plein d’amertume. * Lorsque vous viendrez juger le siècle par le feu. Le repos éternel, donnez-leur, Seigneur ; et que la lumière sans fin luise sur eux.On répète Délivrez,Jusqu’au V/. Je suis. exclus.
IN COMMEMORATIONE OMNIUM FIDELIUM DEFUNCTORUM | COMMÉMORAISON DE TOUS LES FIDÈLES DÉFUNTS |
¶Hac die quivis sacerdos tres Missas celebrare potest. De agendis, si sacerdos duas vel tres Missas celebret, vide Ritum servandum in celebratione Missse, tit. XIV. Qui unam dumtaxat Missam celebrat, primam legit : eandem adhibet qui Missam cum cantu celebrat, facta ei potestate anticipandae secundae ac tertiae. Cum quis tres Missas sine intermissione celebrat, sequentiam dicere debet tantum in Missa principali, secus in prima Missa ; in ceteris Missis, nisi sint in cantu, eam omittere potest. | ¶En ce jour, tout prêtre peut célébrer trois Messes. Sur la manière de faire, si le prêtre célèbre deux ou trois Messes, voir le Rite devant être suivi dans la célébration de la Messe au Titre XIV. Celui qui cependant ne célèbre qu’une Messe dit la première : de même s’il célèbre une Messe chantée, c’est celle là qu’il dit ; il peut alors anticiper la seconde et la troisième. Si on célèbre les trois messes à la suite, la séquence peut être dite seulement à la Messe principale ou sinon à la première Messe, aux autres Messes, sauf si elles sont chantées, on peut l’omettre. |
Ant. ad Introitum. 4 Esdr. 2, 34 et 35 | Introït |
Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpetua lúceat eis. | Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin brille pour eux. |
Ps. 64, 2-3 | |
Te decet hymnus, Deus, in Sion, et tibi reddétur votum in Ierúsalem : exáudi oratiónem meam, ad te omnis caro véniet. | L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem : exaucez ma prière, toute chair viendra à Vous. |
Deinde absolute repetitur Requiem aeternam usque ad psalmum. | |
Oratio. | Collecte |
Fidélium Deus, ómnium Cónditor et Redémptor : animábus famulórum, famularúmque tuárum remissiónem cunctórum tríbue peccatórum ; ut indulgéntiam quam semper optavérunt, piis supplicatiónibus consequántur : Qui vivis. | O Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leurs péchés, afin qu’elles obtiennent, par nos humbles prières, le pardon qu’elles ont toujours désiré. Vous qui vivez. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens. |
1. Cor. 15, 51-57. | |
Fratres : Ecce, mystérium vobis dico : Omnes quidem resurgámus, sed non omnes immutábimur. In moménto, in ictu óculi, in novíssima tuba : canet enim tuba, et mórtui resúrgent incorrúpti : et nos immutábimur. Opórtet enim corruptíbile hoc induere incorruptiónem : et mortále hoc indúere immortalitátem. Cum autem mortále hoc indúerit immortalitátem, tunc fiet sermo, qui scriptus est : Absórpta est mors in victória. Ubi est, mors, victória tua ? Ubi est, mors, stímulus tuus ? Stímulus autem mortis peccátum est : virtus vero peccáti lex. Deo autem grátias, qui dedit nobis victóriam per Dóminum nostrum Iesum Christum. | Mes frères, Voici un mystère que je vais vous dire : Nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous transformés. En un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette (car la trompette sonnera), les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transformés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Et quand ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira cette parole de l’Écriture : La mort a été absorbée dans la victoire. Où est, ô mort, ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon ? Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la force du péché, c’est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. |
Graduale. 4 Esdr. 2, 34 et 35 | Graduel |
Réquiem ætérnam dona eis, Dómime : et lux perpétua lúceat eis. | Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle luise pour eux. |
V/. Ps 111, 7 In memória ætérna erit iustus : ab auđitióne mala non timébit. | V/. Le souvenir du juste sera éternel ; il ne craindra pas d’entendre rien d’affligeant. |
Tractus. | |
Absólve, Dómine, ánimas ómnium fidelium defunctórum ab omni vínculo delictórum. | Délivrez, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts de tous les liens de péchés. |
V/. Et grátia tua illis succurrénte mereántur evádere iudícium ultiónis. | V/. Et votre grâce aidant, qu’ils méritent d’échapper au jugement de vengeance. |
V/. Et lucis ætérnæ beatitúdine pérfrui. | V/. Et de jouir de la béatitude de la lumière éternelle. |
Sequentia | Séquence |
Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favílla : Teste David cum Sibýlla. | Jour de colère que ce jour-là,
qui réduira en cendre le monde, selon l’oracle de David et de la Sibylle. |
Quantus tremor est futúrus,
Quando iudex est ventúrus, Cuncta stricte discussúrus. | Quelle terreur,
quand le juge viendra pour tout examiner avec rigueur ! |
Tuba mirum spargens sonum
Per sepúlcra regiónum, Coget omnes ante thronum. | La trompette jetant ses notes stupéfiantes
parmi les tombeaux assemblera tous les hommes devant le trône. |
Mors stupébit et natúra,
Cum resúrget creatúra, Iudicánti responsúra. | La mort et la nature seront stupéfaites,
quand surgira la créature, pour répondre au jugement. |
Liber scriptus proferétur,
In quo totum continétur, Unde mundus iudicétur. | On présentera le livre
où est écrit et renfermé tout l’objet du jugement. |
Iudex ergo cum sedébit.
Quidquid latet apparébit : Nil inúltum remanébit. | Quand le juge siégera,
tout ce qui est caché apparaîtra, rien ne restera impuni. |
Quid sum miser tunc dictúrus ?
Quem patrónum rogatúrus, Cum vix iustus sit secúrus ? | Malheureux, que dirai-je alors ?
Quel avocat vais-je implorer, quand le juste à peine sera en sûreté ? |
Rex treméndæ maiestátis,
Qui salvándos salvas gratis, Salva me, fons pietátis. | Roi d’une majesté redoutable,
qui sauvez gratuitement vos élus, sauvez-moi, Source de bonté. |
Recordáre, Iesu pie,
Quod sum causa tuæ viæ : Ne me perdas illa die. | Souvenez-vous, ô bon Jésus,
que vous êtes venu pour moi, ne me perdez pas en ce jour. |
Quærens me, sedésti lassus :
Redemísti crucem passus : Tantus labor non sit cassus. | À me chercher, vous vous êtes fatigué.
Vous m’avez racheté, en souffrant la Croix. Que tant d’efforts ne soient pas vains. |
Iuste iudex ultiónis,
Donum fac remissiónis Ante diem ratiónis. | Juge juste, en vos vengeances,
accordez-moi grâce et pardon avant le jour des comptes. |
Ingemísco, tamquam reus :
Culpa rubet vultus meus : supplicánti parce, Deus. | Je gémis comme un coupable :
Mes fautes font rougir mon front, je vous supplie, épargnez-moi. |
Qui Maríam absolvísti,
Et latrónem exaudísti, Mihi quoque spem dedísti. | Vous avez absous Marie-Madeleine,
et exaucé le larron, à moi aussi, donnez l’espérance. |
Preces meæ non sunt dignæ :
Sed tu bonus fac benigne, Ne perénni cremer igne. | Mes prières ne sont pas dignes.
Mais vous qui êtes bon, faites, de grâce, que je ne brûle pas au feu éternel. |
Inter oves locum præsta,
Et ab hædis me sequéstra, Státuens in parte dextra. | Placez-moi parmi les brebis,
séparez-moi des béliers, en me mettant à droite. |
Confutátis maledictis,
Flammis ácribus addíctis : Voca me cum benedictis. | En confondant les maudits,
voués aux flammes éternelles, appelez-moi avec les bénis. |
Oro supplex et acclínis,
Cor contrítum quasi cinis : Gere curam mei finis. | Je prie suppliant et prosterné,
le cœur broyé comme cendre, prenez soin de ma destinée. |
Lacrimósa dies illa,
Qua resúrget ex favílla. Iudicándus homo reus : Huic ergo parce Deus : | O jour de larmes,
où l’homme coupable ressuscitera de la poussière pour être jugé. Mais vous, ô Dieu, pardonnez-lui. |
Pie Iesu Dómine,
Dona eis réquiem. Amen. | Doux Jésus, Seigneur,
donnez-leur le repos. Ainsi soit-il. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 5, 25-29. | |
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Amen, amen, dico vobis, quia venit hora, et nunc est, quando mórtui áudient vocem Fílii Dei : et qui audíerint, vivent. Sicut enim Pater habet vitam in semetípso, sic dedit et Fílio habére vitam in semetípso : et potestátem dedit ei iudícium fácere, quia Fílius hóminis est. Nolíte mirári hoc, quia venit hora, in qua omnes, qui in monuméntis sunt, áudient vocem Fílii Dei : et procédent, qui bona fecérunt, in resurrectiónem vitæ : qui vero mala egérunt, in resurrectiónem iudícii. | En ce temps-là, Jésus dit aux Juifs : En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné également au Fils d’avoir la vie en lui-même ; et lui a donné le pouvoir d’exercer un jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection de la vie ; mais ceux qui auront fait le mal en sortiront pour la résurrection du jugement. |
Responsorium ad Offertorium. | Offertoire |
Dómine Iesu Christe, Rex glóriæ, libera ánimas ómnium fidelium defunctórum de pænis inférni et de profúndo lacu : libera eas de ore leónis, ne absórbeat eas tártarus, ne cadant in obscúrum : sed sígnifer sanctus Míchaël repræséntet eas in lucem sanctam : | Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l’enfer, et du lac profond ; délivrez-les de la gueule du lion ; que l’abîme ne les engloutisse pas, qu’elles ne tombent pas dans les ténèbres, mais que le porte-enseigne saint Michel les introduise dans la sainte lumière, |
* Quam olim Abrahæ promisisti, et sémini eius. | * Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité. |
V/. Hóstias et preces tibi, Dómine, laudis offérimus : tu súscipe pro animábus illis, quarum hódie memóriam fácimus : fac eas, Dómine, de morte transíre ad vitam. | V/. Les hosties et les prières de louange, Seigneur, nous vous les offrons. Vous, recevez-les pour ces âmes, dont aujourd’hui nous faisons mémoire ; faites-les, Seigneur, passer de la mort à la vie. |
* Quam olim Abrahæ promisísti et sémini eius. | * Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité. |
Secreta | Secrète |
Hóstias, quǽsumus, Dómine, quas tibi pro animábus famulórum famularúmque tuárum offerimus, propitiátus intende : ut, quibus fídei christiánæ méritum contulísti, dones et præmium. Per Dóminum nostrum Iesum Christum. | Considérez, nous vous en supplions, Seigneur, en agréant ce sacrifice propitiatoire, les hosties que nous vous offrons pour les âmes de vos serviteurs et de vos servantes ; afin qu’après leur avoir accordé le mérite de la foi chrétienne, vous leur en donniez la récompense. |
Præfatio defunctorum. | Préface des Défunts . |
Responsorium ad Communionem. 4 Esdrae 2, 35 et 34 | Communion |
Lux ætérna lúceat eis, Dómine : Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur : Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon. |
V/. Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpétua lúceat eis : Cum Sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | V/. Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin luise pour eux. |
Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon. |
Postcommunio | Postcommunion |
Animábus, quǽsumus, Dómine, famulórum, famularúmque tuárum orátio profíciat supplicántium : ut eas et a peccátis ómnibus éxuas, et tuæ redemptiónis fácias esse partícipes. Qui vivis. | Nous vous demandons instamment, Seigneur, que notre prière suppliante soit utile aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, en sorte que vous les délivriez de tous leurs péchés et que vous les fassiez participer à votre rédemption. |
¶Debet sacerdos ante sequentes Missas confessionem dicere. In fine autem cuiuslibet Missae, dicto Dóminus vobiscum, dicitur : Requiéscant in pace. R/. Amen. | ¶LE prêtre doit faire la confession avant chacune des messes. A la fin de chaque messe, une fois dit : Le Seigneur soit avec vous, il dit : Qu’ils reposent en paix. R/. Ainsi soit-il. |
¶Et non datur benedictio : sed, dicto secreto Placeat tibi, sancta Trinitas, etc., et osculato altari, legitur Evangelium S. Ioannis In principio erat Verbum, etc, ut moris est. | ¶Et on ne donne pas la bénédiction : mais, une fois dit à voix basse Qu’il vous plaise, ô Sainte Trinité, etc., et avoir baisé l’autel, on lit l’Evangile de St Jean Au commencement était le verbe, etc, selon l’usage. |
Ant. ad Introitum. 4 Esdr. 2, 34 et 35 | Introït |
Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpetua lúceat eis. | Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin brille pour eux. |
Ps. 64, 2-3 | |
Te decet hymnus, Deus, in Sion, et tibi reddétur votum in Ierúsalem : exáudi oratiónem meam, ad te omnis caro véniet. | L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem : exaucez ma prière, toute chair viendra à Vous. |
Réquiem ætérnam. | Donnez-leur le repos éternel… |
Oratio. | Collecte |
Deus, indulgentiárum Dómine : da animábus famulórum famularúmque tuárum refrigérii sedem, quiétis beatitúdinem et lúminis claritátem. Per Dóminum. | Seigneur Dieu des miséricordes, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, le lieu du rafraîchissement, la béatitude du repos et la splendeur de la lumière. |
Léctio libri Machabæórum. | Lecture du livre des Macchabées. |
2. Mach. 12, 43-46. | |
In diébus illis : Vir fortíssimus Iudas, facta collatióne, duódecim mília drachmas argénti misit Ierosólymam, offérri pro peccátis mortuórum sacrifícium, bene et religióse de resurrectióne cógitans (nisi enim eos, qui cecíderant, resurrectúros speráret, supérfluum viderétur et vanum oráre pro mórtuis) : et quia considerábat, quod hi, qui cum pietáte dormitiónem accéperant, óptimam habérent repósitam grátiam. Sancta ergo et salúbris est cogitátio pro defunctis exoráre, ut a peccátis solvántur. | En ces jours-là, le vaillant Judas Macchabée, après avoir fait une collecte, envoya douze mille drachmes d’argent à Jérusalem, afin qu’un sacrifice fût offert pour les péchés des morts, ayant de bonnes et de religieuses pensées touchant la résurrection, car s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts ; et il considérait qu’une grande miséricorde était réservée à ceux qui étaient morts avec piété. C’est donc une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés. |
Graduale. 4 Esdr. 2, 34 et 35 | Graduel |
Réquiem ætérnam dona eis, Dómime : et lux perpétua lúceat eis. | Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle luise pour eux. |
V/. Ps 111, 7 In memória ætérna erit iustus : ab auđitióne mala non timébit. | V/. Le souvenir du juste sera éternel ; il ne craindra pas d’entendre rien d’affligeant. |
Tractus. | |
Absólve, Dómine, ánimas ómnium fidelium defunctórum ab omni vínculo delictórum. | Délivrez, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts de tous les liens de péchés. |
V/. Et grátia tua illis succurrénte mereántur evádere iudícium ultiónis. | V/. Et votre grâce aidant, qu’ils méritent d’échapper au jugement de vengeance. |
V/. Et lucis ætérnæ beatitúdine pérfrui. | V/. Et de jouir de la béatitude de la lumière éternelle. |
Sequentia Dies irae, ut supra. | Séquence Dies irae, comme au dessus. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 6, 37-40. | |
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Omne, quod dat mihi Pater, ad me véniet : et eum, qui venit ad me, non eiíciam foras : quia descéndi de cælo, non ut fáciam voluntátem meam, sed voluntátem eius, qui misit me. Hæc est autem volúntas eius, qui misit me, Patris : ut omne, quod dedit mihi, non perdam ex eo, sed resúscitem illud in novíssimo die. Hæc est autem volúntas Patris mei, qui misit me : ut omnis, qui videt Fílium et credit in eum, hábeat vitam ætérnam, et ego resuscitábo eum in novíssimo die. | En ce temps-là, Jésus dit aux foules des Juifs : Tout ce que mon Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi je ne le jetterai pas dehors. Car je suis descendu du ciel, pour faire, non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi-même je le ressusciterai au dernier jour. |
Responsorium ad Offertorium. | Offertoire |
Dómine Iesu Christe, Rex glóriæ, libera ánimas ómnium fidelium defunctórum de pænis inférni et de profúndo lacu : libera eas de ore leónis, ne absórbeat eas tártarus, ne cadant in obscúrum : sed sígnifer sanctus Míchaël repræséntet eas in lucem sanctam : | Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l’enfer, et du lac profond ; délivrez-les de la gueule du lion ; que l’abîme ne les engloutisse pas, qu’elles ne tombent pas dans les ténèbres, mais que le porte-enseigne saint Michel les introduise dans la sainte lumière, |
* Quam olim Abrahæ promisisti, et sémini eius. | * Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité. |
V/. Hóstias et preces tibi, Dómine, laudis offérimus : tu súscipe pro animábus illis, quarum hódie memóriam fácimus : fac eas, Dómine, de morte transíre ad vitam. | V/. Les hosties et les prières de louange, Seigneur, nous vous les offrons. Vous, recevez-les pour ces âmes, dont aujourd’hui nous faisons mémoire ; faites-les, Seigneur, passer de la mort à la vie. |
* Quam olim Abrahæ promisísti et sémini eius. | * Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité. |
Secreta | Secrète |
Propitiáre, Dómine, supplicatiónibus nostris, pro animábus famulórum famularúmque tuárum, pro quibus tibi offérimus sacrifícium laudis ; ut eas Sanctórum tuórum consórtio sociáre dignéris. Per Dóminum. | Soyez propice, Seigneur, à nos supplications en faveur des âmes de vos serviteurs et de vos servantes pour lesquelles nous vous offrons ce sacrifice de louange, afin que vous daigniez leur faire partager le sort de vos Saints. |
Præfatio defunctorum. | Préface des Défunts . |
Responsorium ad Communionem. 4 Esdrae 2, 35 et 34 | Communion |
Lux ætérna lúceat eis, Dómine : Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur : Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon. |
V/. Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpétua lúceat eis : Cum Sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | V/. Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin luise pour eux. |
Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon. |
Postcommunio | Postcommunion |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut ánimæ famulórum famularúmque tuárum, his sacrifíciis purgátæ, indulgéntiam páriter et réquiem cápiant sempitérnam. Per Dóminum nostrum. | Accordez-nous, s’il vous plaît ô Dieu tout-puissant, que les âme de vos serviteurs et de vos servantes, étant purifiées par ces sacrifices, obtiennent à la fois le pardon et le repos éternel. Par Notre-Seigneur. |
Ant. ad Introitum. 4 Esdr. 2, 34 et 35 | Introït |
Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpetua lúceat eis. | Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin brille pour eux. |
Ps. 64, 2-3 | |
Te decet hymnus, Deus, in Sion, et tibi reddétur votum in Ierúsalem : exáudi oratiónem meam, ad te omnis caro véniet. | L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem : exaucez ma prière, toute chair viendra à Vous. |
Réquiem ætérnam. | Donnez-leur le repos éternel… |
Oratio. | Collecte |
Deus, véniæ largítor, et humánæ salútis amátor : quǽsumus cleméntiam tuam ; ut ánimas famulórum famularúmque tuárum, quæ ex hoc sǽculo transiérunt, beáta María semper Vírgine intercedénte cum ómnibus Sanctis tuis, ad perpétuæ beatitúdinis consórtium perveníre concédas. | O Dieu, qui accordez le pardon et qui aimez à sauver les hommes, nous demandons à votre bonté que, par l’intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge et de tous vos Saints, vous accordiez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, qui sont morts, de parvenir au séjour de la béatitude éternelle |
Léctio libri Apocalýpsis beáti Ioánnis Apostóli. | Lecture du livre de l’Apocalypse de saint Jean Apôtre. |
Apoc. 14, 13. | |
In diébus illis : Audívi vocem de cælo, dicéntem mihi : Scribe : Beáti mórtui, qui in Dómino moriúntur. Amodo iam dicit Spíritus, ut requiéscant a labóribus suis ópera enim illórum sequúntur illos. | En ces jours-là, j’entendis une voix venant du ciel, qui me disait : Écris : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! Dès maintenant dit l’Esprit, ils se reposeront de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. |
Graduale. 4 Esdr. 2, 34 et 35 | Graduel |
Réquiem ætérnam dona eis, Dómime : et lux perpétua lúceat eis. | Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle luise pour eux. |
V/. Ps 111, 7 In memória ætérna erit iustus : ab auđitióne mala non timébit. | V/. Le souvenir du juste sera éternel ; il ne craindra pas d’entendre rien d’affligeant. |
Tractus. | |
Absólve, Dómine, ánimas ómnium fidelium defunctórum ab omni vínculo delictórum. | Délivrez, Seigneur, les âmes de tous les fidèles défunts de tous les liens de péchés. |
V/. Et grátia tua illis succurrénte mereántur evádere iudícium ultiónis. | V/. Et votre grâce aidant, qu’ils méritent d’échapper au jugement de vengeance. |
V/. Et lucis ætérnæ beatitúdine pérfrui. | V/. Et de jouir de la béatitude de la lumière éternelle. |
Sequentia Dies irae, ut supra. | font color="#FF0000">Séquence Dies irae, comme au dessus. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 6, 51-55 | |
In illo tempore : Dixit Iesus turbis iudæórum : Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi. Si quis manducáverit ex hóc pane, vivet in ætérnum : et panis, quem ego dabo, caro mea est pro mundi vita. Litigábant ergo Iudæi ad ínvicem, dicentes : Quómodo potest hic nobis carnem suam dare ad manducándum ? Dixit ergo eis Iesus : Amen, amen dico vobis : nisi manducaveritis carnem Fílii hóminis, et biberitis eius sánguinem, non habebitis vitam in vobis. Qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem habet vitam ætérnam : et ego resuscitábo eum in novíssimo die. | En ce temps-là, Jésus dit au peuple Juif : Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde. Les Juifs disputaient donc entre eux en disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? Jésus leur dit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. |
Responsorium ad Offertorium. | Offertoire |
Dómine Iesu Christe, Rex glóriæ, libera ánimas ómnium fidelium defunctórum de pænis inférni et de profúndo lacu : libera eas de ore leónis, ne absórbeat eas tártarus, ne cadant in obscúrum : sed sígnifer sanctus Míchaël repræséntet eas in lucem sanctam : | Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire, délivrez les âmes de tous les fidèles défunts des peines de l’enfer, et du lac profond ; délivrez-les de la gueule du lion ; que l’abîme ne les engloutisse pas, qu’elles ne tombent pas dans les ténèbres, mais que le porte-enseigne saint Michel les introduise dans la sainte lumière, |
* Quam olim Abrahæ promisisti, et sémini eius. | * Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité. |
V/. Hóstias et preces tibi, Dómine, laudis offérimus : tu súscipe pro animábus illis, quarum hódie memóriam fácimus : fac eas, Dómine, de morte transíre ad vitam. | V/. Les hosties et les prières de louange, Seigneur, nous vous les offrons. Vous, recevez-les pour ces âmes, dont aujourd’hui nous faisons mémoire ; faites-les, Seigneur, passer de la mort à la vie. |
* Quam olim Abrahæ promisísti et sémini eius. | * Qu’autrefois à Abraham vous avez promise et à sa postérité. |
Secreta | Secrète |
Deus, cuius misericórdiae non est númerus, súscipe propítius preces humilitátis nostræ : et animábus ómium fidélium defunctórum, quibus tui nóminis dedísti confessiónem, per hæc sacraménta salútis nostræ, cunctórum remissiónem tríbue peccatórum. | O Dieu, dont la miséricorde est infinie, recevez favorablement les prières que nous vous adressons avec humilité, et accordez la rémission des péchés aux âmes de tous les fidèles défunts, à qui vous avez fait la grâce de confesser votre nom. |
Præfatio defunctorum. | Préface des Défunts . |
Responsorium ad Communionem. 4 Esdrae 2, 35 et 34 | Communion |
Lux ætérna lúceat eis, Dómine : Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | Que la lumière éternelle luise pour eux, Seigneur : Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon. |
V/. Réquiem ætérnam dona eis, Dómine : et lux perpétua lúceat eis : Cum Sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | V/. Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière sans fin luise pour eux. |
Cum sanctis tuis in ætérnum : quia pius es. | Avec vos Saints à jamais, parce que vous êtes bon. |
Postcommunio | Postcommunion |
Præsta, quǽsumus, omnípotens et miséricors Deus, ut ánimæ famulórum famularúmque tuárum, pro quibus hoc sacrificium laudis tuæ obtúlimus majestáti ; per huius virtútem sacraménti a peccátis ómnibus expiátæ, lucis perpétuæ, te miseránte, recípiant beatitúdinem | Dieu tout-puissant, soyez, s’il vous plaît, miséricordieux envers les âmes de vos serviteurs et de vos servantes, pour lesquelles nous offrons à votre Majesté ce sacrifice de louange, et faites que, purifiées de leurs péchés par la vertu de ce sacrement, elles reçoivent de votre bonté la béatitude du repos éternel. |