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Mysterium Fidei (1965)

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Lettre Encyclique sur le culte de l’Eucharistie
1965.


Lettre Encyclique du Pape Paul VI sur la doctrine et le culte de l’Eucharistie, 3 septembre 1965.
A Nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques, Evêques et autres Ordinaires des lieux, au clergé et aux fidèles du monde entierAd Venerabiles Fratres Patriarchas, Primates, Archiepiscopos, Episcopos aliosque locorum Ordinarios pacem et communionem cum Apostolica Sede habentes, atque ad Clerum et Christifideles totius Orbis Catholici : de doctrina et cultu SS. Eucharistiae
Mystère de foi, don accordé à l’Eglise, par son Epoux, en gage de son immense amour, l’Eucharistie a toujours été religieusement gardée par l’Eglise Catholique comme un trésor du plus haut prix et a fait l’objet de sa part, au IIe Concile du Vatican, d’une nouvelle et solennelle profession de foi et de culte.
Dans l’étude de la restauration de la Sainte Liturgie, les Pères du Concile, soucieux du bien de l’Eglise universelle, n’ont rien eu plus à cœur que de porter les fidèles à une participation active à la célébration eucharistique : les chrétiens se voient pressés d’apporter une foi entière et une dévotion profonde à ce mystère très saint, de l’offrir à Dieu en union avec le prêtre comme sacrifice pour leur salut personnel et celui du monde entier, et de prendre cet aliment pour se nourrir spirituellement.
Mysterium fidei, ineffabile nempe Eucharistiae donum, quod a Sponso suo Christo tamquam immensae caritatis pignus accepit, Catholica Ecclesia veluti thesaurum, quo nihil pretiosius, sancte iugiter custodivit eique novam sollemnissimamque fidei et cultus exhibuit in Concilio Vaticano II professionem.
Patres enim Concilii, de instauranda Sacra Liturgia agentes, nihil pro sua de universa Ecclesia pastorali sollicitudine antiquius habuerunt quam fideles hortari, ut integra fide et pietate summa hoc Sacrosanctum Mysterium celebrandum actuose participarent illudque, ut sacrificium Deo pro sua et totius mundi salute, una cum sacerdote offerrent eoque tamquam spirituali alimonia se nutrirent.
L’Eucharistie, centre de la liturgie.
Si la Sainte Liturgie occupe la première place dans la vie de l’Eglise, elle a, peut-on dire, son coeur et son centre dans l’Eucharistie, puisque celle-ci est la fontaine de vie où nous trouvons de quoi nous purifier et nous fortifier, en sorte que nous ne vivions plus pour nous mais pour Dieu, et que nous nous unissions entre nous par le lien si étroit de la charité.Nam si Sacra Liturgia principem locum obtinet in vita Ecclesiae, eiusdem Sacrae Liturgiae quasi cor et centrum est Misterium Eucharisticum, quippe quod sit fons vitae, quo mundati et roborati non nobis, sed Deo vivimus et arctissima inter nos caritate coniungimur.
Pour mettre en évidence le rapport intime qui joint la piété à la foi, les Pères du Concile ont confirmé l’enseignement constamment maintenu et dispensé par l’Eglise et solennellement défini au Concile de Trente ; ils ont tenu à introduire l’exposé sur le mystère sacré de l’Eucharistie par cette synthèse de vérité : "Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il fut livré, a institué le Sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang, afin de perpétuer ainsi le Sacrifice de la Croix à travers les siècles jusqu’à sa venue, laissant de la sorte à l’Église, son Épouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection ; sacrement de piété, signe d’unité, lien de charité, banquet pascal, où on reçoit le Christ, où l’âme est comblée de grâce et par quoi est accordé le gage de la gloire à venir" [1].Ut autem indissolubile pateret vinculum quo fides ac pietas inter se conectuntur, patres Concilii, doctrinam confirmantes quam Ecclesia semper tenuit et docuit atque Concilium Tridentinum sollemniter definivit, tractationi de sacrosancto Eucharistiae Mysterio hanc veritatum summam praeponendam esse putaverunt : « Salvator noster in Cena novissima, qua nocte tradebatur, Sacrificium Eucharisticum corporis et sanguinis sui instituit, quo sacrificium Crucis in saecula, donec veniret, perpetuaret, atque adeo Ecclesiae dilectae Sponsae memoriale concrederet mortis et resurrectionis suae : sacramentum pietatis, signum unitatis, vinculum caritatis, convivium paschale, in quo Christus sumitur, mens impletur gratia et futurae gloriae nobis pignus datur »[1].
Ces paroles exaltent en même temps le Sacrifice, qui est de l’essence même de la Messe qu’on célèbre chaque jour, et le Sacrement, auquel les fidèles prennent part quand dans la Sainte Communion ils mangent la chair du Christ et boivent son sang et reçoivent la grâce, anticipation de la vie éternelle ; remède d’immortalité, selon le mot du Seigneur. " Qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour " [2].Quibus verbis et Sacrificium extollitur, quod ad essentiam pertinet Missae quae quotidie celebratur, et Sacramentum, cuius qui participes per sacram Communionem efficiuntur, carnem Christi manducant et sanguinem Christi bibunt, gratiam, quae est inchoatio vitae aeternae, accipientes et « pharmacum immortalitatis » iuxta verbum Domini : Qui manducat meam carnem, et bibit menin sanguinem, habet vitam aeternam : et ego resuscitabo eum in novissimo die [2].
La restauration de la Liturgie produira donc, Nous en avons le ferme espoir, des fruits abondants de dévotion eucharistique ; ainsi la Sainte Eglise, présentant ce signe salutaire de piété, progressera de jour en jour vers l’unité parfaite [3] et conviera à l’unité de la foi et de la charité tous ceux qui ont la fierté de porter le nom de chrétiens, les attirant avec délicatesse sous l’action de la grâce divine.Ex instaurata igitur Sacra Liturgia Eucharisticae pietatis uberes fructus manaturos esse enixe speramus, ut Ecclesia sancta, hoc salutifero signo pietatis elato, in dies progrediatur donec consummetur in unum [3], et omnes qui christiano nomine censentur ad fidei caritatisque unitatem invitet et divina operante gratia suaviter trahat.
Il Nous semble entrevoir ces fruits et en goûter comme les prémices dans la joie sincère et l’empressement avec lesquels les fils de l’Eglise Catholique ont accueilli la Constitution sur la restauration de la Liturgie, et aussi dans la publication de nombreux travaux de valeur, qui visent à scruter avec plus de profondeur et à faire connaître avec plus de fruit la doctrine concernant la Sainte Eucharistie, spécialement en ce qui regarde les rapports de ce mystère avec celui de l’Eglise.Quos fructus Nobis perspicere eorumque quasi primitias percipere videmur in effuso gaudio et prompto animo quo Catholicae Ecclesiae filii Constitutionem de Sacra Liturgia eiusque instaurationem exceperunt, nec non in multis multumque elaboratis operibus quae vulgantur ut doctrina de sanctissima Eucharistia, praesertim quod ad eius necessitudinem cum mysterio Ecclesiae attinet, altius pervestigetur et fructuosius intellegatur.
C’est pour Nous un grand sujet de réconfort et de joie ; Nous Nous plaisons à vous en faire part, Vénérables Frères, afin qu’avec Nous vous remerciez Dieu, auteur de tout bien, qui par son Esprit gouverne l’Eglise et la rend féconde en accroissements de vertu.Haec quidem non mediocris consolationis laetitiaeque Nobis surat causa. Quam vobiscum communieare, Venerabiles Fratres, iucundissimum est, ut et vos Nobiscum Deo, bonorum omnium largitori, qui Spiritu suo Ecclesiam regit et virtutum incrementis fecundat, gratias agatis.
Sujets de préoccupations pastorale et d’inquiétudeSollicitudinis pastoralis et anxietatis causae
Pourtant, Vénérables Frères, les motifs ne manquent pas, précisément dans le domaine dont Nous parlons, d’être soucieux et préoccupés ; la conscience de Notre devoir apostolique ne Nous permet pas de le taire.Non desunt tamen, Fratres Venerabiles, et in ipsa hac re de qua agimus, gravis sollicitudinis pastoralis et anxietatis causae, de quibus itidem, Apostolici muneris impellente conscientia, tacere non possumus.
Nous savons en effet que parmi les personnes qui parlent ou écrivent sur ce mystère très saint, il en est qui répandent au sujet des messes privées, du dogme de la transsubstantiation et du culte eucharistique certaines opinions qui troublent les esprits des fidèles ; elles causent une grande confusion d’idées touchant les vérités de la foi, comme s’il était loisible à qui que ce soit de laisser dans l’oubli la doctrine précédemment définie par l’Eglise ou de l’interpréter de manière à appauvrir le sens authentique des termes ou énerver la force dûment reconnue aux notions.Compertum namque habemus inter eos, qui de hoc Sacrosancto Mysterio loquendo scribendoque disserunt, esse nonnullos qui circa Missas quae privatim celebrentur, circa dogma transsubstantiationis et cultuur Eucharisticum tales vulgent opiniones, quae fidelium animos perturbent inque eorum mentes non modicani de rebus fidei ingerant confusionem, quasi cuique doctrinam semel ab Ecclesia definitam in oblivionem adducere liceat aut eam ita interpretari ut genuina verborum significatio seu probata conceptuum vis extenuetur.
Non, il n’est pas permis, soit dit par manière d’exemple, de prôner la messe appelée " communautaire " de telle sorte qu’on déprécie la messe privée ; ni d’insister sur l’aspect de signe sacramentel comme si la fonction symbolique, que nul ne conteste à la Sainte Eucharistie, exprimait de façon exhaustive le mode de présence du Christ dans ce sacrement ; il n’est pas permis de traiter du mystère de la transsubstantiation sans allusion à la prodigieuse conversion de toute la substance du pain au corps du Christ et de toute la substance du vin au sang du Seigneur conversion dont parle le Concile de Trente - et d’en rester simplement à ce qu’on nomme "transsignification " et " transfinalisation " ; il n’est pas permis de présenter et de suivre dans la pratique l’opinion selon laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ ne serait plus présent dans les hosties consacrées qui restent après la célébration du Sacrifice de la Messe.Non enim fas est, ut exemplo rem confirmemus, Missam quam « communitariam » dicunt, ita extollere, ut Missis quae privatim celebrentur derogetur ; aut rationi signi sacramentalis considerandae ita instare quasi symbolismus, qui nullo diffitente sanctissimae Eucharistiae certissime inest, totam exprimat et exhauriat rationem praesentiae Christi in hoc Sacramento ; aut de transsubstantiationis mysterio disserere quin de mirabili conversione totius substantiae panis in corpus et totius substantiae vini in sanguinem Christi, de qua loquitur Concilium Tridentinum, mentio fiat, ita ut in sola « transsignificatione » et « transfinalizatione », ut aiunt, consistant ; aut denique sententiam proponere et in usum deducere secundum quam in Hostiis consecratis, quae expleta celebratione sacrificii Missae supersunt, Christus Dominus praesens non amplius sit.
Chacun voit comme ces opinions, et d’autres du même genre qui ont été lancées, compromettent la foi et le culte envers la divine Eucharistie.Nemo non videt his similibusve vulgatis opinionibus fidem et cultum divinae Eucharistiae haud parum laedi.
Le Concile a suscité l’espérance d’un nouveau rayonnement de piété eucharistique qui gagne toute l’Eglise ; il ne faut pas que cet espoir soit frustré et que le bon grain soit étouffé par les opinions erronées déjà semées çà et là. C’est pourquoi Nous avons pris le parti de vous entretenir de ce sujet si important, Vénérables Frères, et, en vertu de Notre autorité apostolique, de vous faire part de Notre pensée en la matière.Ne igitur spes, quae promovente Concilio oborta est, de nova luce Eucharisticae pietatis qua Ecclesia tota perfundatur, falsarum opinionum sparsis seminibus ad irritum redigatur, vos, Venerabiles Fratres, de hoc argumento alloqui Nostramque de eo mentem vobis aperire apostolica auctoritate statuimus.
Certes Nous ne nions pas, chez ceux qui donnent cours aux opinions en question, le désir louable de scruter un si grand mystère, d’en explorer les inépuisables richesses et d’en découvrir le sens aux hommes de notre temps. Ce désir, Nous le reconnaissons et Nous l’approuvons. Mais Nous ne pouvons approuver les opinions émises par ces chercheurs et Nous sommes conscient de Notre devoir de vous avertir du danger sérieux qu’elles font courir à la vraie foi.Equidem non negamus earum qui has miras opiniones disseminant, haud spernendum studium tantum Mysterium vestigandi eiusque inexhaustas edisserendi divitias eiusdemque intellegentiam hominibus nostrae aetatis aperiendi, quinimmo illud agnoscimus probamusque ; sed, quas proferunt, opiniones probare non possumus deque earum pro recta fide gravi periculo vos monere iubemur.
La sainte Eucharistie est un mystère de foiSanctissima Eucharistia est Mysterium Fidei
En premier lieu, Nous tenons à rappeler une vérité que vous savez parfaitement mais qu’il faut tenir présente a l’esprit pour écarter toute contamination de rationalisme. Tant de catholiques ont scellé de leur sang cette vérité ; d’illustres pères et Docteurs de l’Eglise l’ont constamment professée et enseignée : l’Eucharistie est un mystère très élevé et même proprement, comme le dit la Liturgie, le mystère de foi. Notre Prédécesseur Léon XIII, d’heureuse mémoire, le remarque avec tant de sagesse : "En ce seul mystère sont renfermées en singulière abondance des merveilles diverses, toutes les réalités surnaturelles" [4].Illud in primis memorare volumus, vobis quidem notissimum, sed ad propulsandum cuiusque rationalismi virus maxime necessarium, quod plures incliti Martyres proprio sanguine sunt testati quodque praeclari Patres et Doctores Ecclesiae continenter professi sunt et docuerunt, id est Eucharistiam esse pergrande mysterium, immo proprie, ut Sacra Liturgia loquitur, mysterium fidei. « Hoc nimirum uno », ut sapientissime ait Decessor Noster Leo XIII f. r., « quaecumque supra naturam sunt, singulari quadam miraculorum copia et varietate, universa continentur » [4].
De ce mystère nous ne pouvons donc nous approcher qu’avec un humble respect, sans nous tenir au raisonnement humain, qui doit se taire, mais en nous attachant fermement à la Révélation divine.Oportet igitur ut ad hoc praesertim mysterium humili accedamus obsequio, non humanas rationes sectantes, quae conticescere debent, sed divinae Revelationi firmiter adhaerentes.
Vous savez quelle élévation de langage et quelle piété éclairée saint Jean Chrysostome a trouvées pour parler du mystère eucharistique ; un jour, instruisant ses fidèles à ce sujet, il eut ces expressions si heureuses : " Inclinons-nous devant Dieu, sans protester, même si ce qu’Il nous dit paraît contraire à notre raison et à notre intelligence ; sa parole doit prévaloir sur celles-ci. Agissons de même à l’égard du Mystère (I’Eucharistie), sans nous arrêter à ce qui tombe sous les sens mais en adhérant à ses paroles, car sa parole ne peut tromper " [5].S. Ioannes Chrysostomus, qui tanta, ut postis, dicendi elatione tantaque intellegentia pietatis de Eucharistiae Mysterio disseruit, suos olim hac de re moraens fideles, haec protulit aptissima verba : « Deo ubique obsequamur ; nec contradicamus ei, etiamsi id quod dixit rationi et intelligentiae nostrae contrarium videatur ; sed praevaleat eius sermo rationi et intelligentiae nostrae. Sic etiam in mysteriis [Eucharisticis]] faciamus, non ea solum quae sub sensum cadunt respicientes, sed verba eius retinentes. Verbum quippe eius fallere nequit » [5].
Souvent les Docteurs Scolastiques ont repris des affirmations identiques. La présence du véritable Corps du Christ et du véritable Sang du Christ dans ce sacrement, " on ne l’apprend point par les sens, dit saint Thomas, mais par la foi seule, laquelle s’appuie sur l’autorité de Dieu. C’est pourquoi, commentant le texte de saint Luc, C. 22, 19 : " Ceci est mon corps qui sera livré pour vous ", Cyrille déclare : Ne va pas te demander si c’est vrai, mais bien plutôt accueille avec foi les paroles du Seigneur, parce que Lui, qui est la vérité, ne ment pas " [6]. Hoc ipsum scholastici Doctores non semel edixerunt. Verum corpus Christi et verum sanguinem esse in hoc Sacramento, ut ait S. Thomas, « non sensu deprehendi potest, sed sola fide, quae auctoritati divinae innititur. Unde super illud Lucae XXII, 19 : Hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur, dixit Cyrillus : Non dubites an hoc verum sit ; sed potius suscipe verba Salvatoris in fide ; cum enim sit veritas, non mentitur » [6].
Aussi le peuple chrétien, faisant écho au Docteur Angélique, chante-t-il si fréquemment.- "A ton sujet la vue, le toucher, le goût se trompent ; c’est par la voie de la seule ouïe qu’on croit en toute sécurité ; je crois tout ce qu’a dit le Fils de Dieu : rien de plus vrai que cette parole de vérité".Unde, ipso Angelico Doctore praeeunte, quam saepissime cantat populus christianus : « Visus, tactus, gustus in te fallitur, Sed auditu solo tuto creditur : Credo quidquid dixit Dei Filius, Nil hoc Verbo veritatis verius ».
Il y a plus : saint Bonaventure affirme que le mystère eucharistique est " le plus difficile à croire " non seulement des mystères impliqués dans les sacrements, mais de tous les mystères de la foi [7]. Cela nous est d’ailleurs suggéré par l’Évangile, quand il raconte que beaucoup de disciples du Christ, entendant ce qu’il déclarait de sa chair à manger et de son sang à boire, reculèrent et abandonnèrent le Seigneur, en avouant : " Ce qu’il dit est raide ! Qui peut l’écouter ?". Et comme Jésus demandait si les Douze aussi voulaient s’en aller, Pierre donna l’attestation prompte et ferme de la foi qui était la sienne et celle des Apôtres, en cette réponse admirable : " Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle " [8].Quinimmo S. Bonaventura asserit : « Quod Christus sit in sacramento sicut in signo, nullam habet difficultatem ; quod autem sit in sacramento veraciter, sicut in caelo, hoc maximam habet difficultatem : ergo hoc maxime meritorium est credere » [7]. Hoc ipsum ceteroquin sanctum innuit Evangelium ubi narrat multos ex discipulis Christi, audito sermone de manducatione carnis eius et potione sanguinis eius, abiisse retro reliquisseque Dominum dicentes : Durus est hic sermo, et quis potest eum audire ? Petrus contra, percontante Iesu utrum et ipsi duodecim vellent abire, suam ceterorumque Apostolorum fidem prompte firmiterque asseveravit, mirabiliter respondens : Domine, ad queen ibimus ? verba vitae aeternae habes [8].
Il est donc logique pour nous de suivre comme une étoile, dans notre exploration de ce mystère, le magistère de l’Eglise : le Divin Rédempteur a confié à sa garde et à son interprétation la parole de Dieu écrite ou transmise par tradition orale ; nous sommes assurés que " même sans les recherches dont la raison est capable, même sans les explications que le langage peut fournir, ce que depuis l’antiquité l’Eglise entière proclame et croit selon la véritable foi catholique, cela reste toujours vrai " [9].Consequens igitur est, ut Ecclesiae Magisterium, cui divinus Redemptor verbum Dei scriptum vel traditum custodiendum declarandumque commisit, quasi stellam in hoc mysterio investigando sequamur, hoc persuasum nobis habentes : « etsi nulla ratione indagetur, nullo sermone explicetur : verum tamen est quod antiquitus veraci fide catholica praedicatur et creditur per Ecclesiam totam » [9].
Mais cela ne suffit pas. L’intégrité de la foi étant sauve, il faut de plus observer l’exactitude dans la façon de s’exprimer, de peur que l’emploi peu circonspect de certains termes ne suggère, ce qu’à Dieu ne plaise, des opinions fausses affectant la foi par laquelle nous connaissons les mystères les plus élevés. C’est le lieu de rappeler l’avertissement formulé par saint Augustin, à propos de la différence qui sépare, pour la manière de dire, les chrétiens des philosophes : " Les philosophes, dit-il, parlent en toute liberté, sans redouter de blesser l’auditeur religieux en des choses très difficiles à saisir. Mais nous sommes tenus de régler nos paroles sur une norme déterminée, pour éviter que la liberté d’expression ne donne lieu à telle opinion impie au plan même du sens des paroles " [10].Nec tamen satis. Servata enim fidei integritate, aptus quoque modus loquendi servetur oportet, ne indisciplinatis verbis utentibus nobis falsae, quod absit, de fide altissimarum rerum suboriantur opiniones. Hoc graviter monet S. Augustinus diversum loquendi modum considerane quo utuntur philosophi et quo uti debent Christiani. « Liberis verbis », inquit, « loquuntur philosophi, nec in rebus ad intelligendum difficillimis offensionem religiosarum curium pertimescunt. Nobis autem ad certam regulam loqui fas est, ne verborum licentia etiam de rebus, quae his significantur, impiam gignat opinionem » [10].
Au prix d’un travail poursuivi au long des siècles, et non sans l’assistance de l’Esprit Saint, l’Eglise a fixé une règle de langage et l’a confirmée avec l’autorité des Conciles. Cette règle a souvent donné à l’orthodoxie de la foi son mot de passe et ses enseignes. Elle doit être religieusement respectée. Que personne ne s’arroge le droit de la changer à son gré ou sous couleur de nouveauté scientifique. Qui pourrait jamais tolérer un jugement d’après lequel les formules dogmatiques appliquées par les Conciles Oecuméniques aux mystères de la Sainte Trinité et de l’Incarnation ne seraient plus adaptées aux esprits de notre temps, et devraient témérairement être remplacées par d’autres ? De même on ne saurait tolérer qu’un particulier touche de sa propre autorité aux formules dont le Concile de Trente s’est servi pour proposer à la foi le mystère eucharistique. C’est que ces formules, comme les autres que l’Eglise adopte pour l’énoncé des dogmes de foi, expriment des concepts qui ne sont pas liés à une certaine forme de culture, ni à une phase déterminée du progrès scientifique, ni à telle ou telle école théologique ; elles reprennent ce que l’esprit humain emprunte à la réalité par l’expérience universelle et nécessaire ; et en même temps ces formules sont intelligibles pour les hommes de tous les temps et de tous les lieux. On peut assurément, comme cela se fait avec d’heureux résultats, donner de ces formules une explication plus claire et plus ouverte, mais ce sera toujours dans le même sens selon lequel elles ont été adoptées par l’Eglise : ainsi la vérité immuable de la foi restera intacte tandis que progressera l’intelligence de la foi. Car comme l’enseigne le premier Concile du Vatican, dans les dogmes sacrés "on doit toujours garder le sens que notre Mère la Sainte Eglise a déclaré une fois pour toutes et que jamais il n’est permis de s’en écarter sous le prétexte spécieux d’intelligence plus profonde " [11].Regula ergo loquendi, quam Ecclesia longo saeculorum labore non sine Spiritus Sancti munimine induxit et Conciliorum auctoritate firmavit, quaeque non semel tessera et vexillum fidei orthodoxae facta est, sancte servetur, neque eam quisquam pro lubitu vel sub praetextu novae scientiae immutare praesumat. Quis enim ferat quod formulae dogmaticae, quas de mysteriis SS. Trinitatis et Incarnationis Oecumenica Concilia adhibuerunt, quasi hominibus nostrae aetatis accommodatae non esse arguantur, aliaeque loco earum temere inducantur ? Eodem modo ferendus non est quisquis formulis, quibus Concilium Tridentiηum Mysterium Eucharisticum ad credendum proposuit, suo marte derogare velit. Formulis namque illis, sicut et ceteris quas ad dogmata fidei proponenda adhibet Ecclesia, conceptus exprimuntur, qui non definitae cuidam humani cultus rationi, non cuidam certae scientiarum progressioni, non uni alterive theologorum scholae obligantur, sed id exhibent quod mens humana universali et necessaria experientia de rebus percipit et aptis certisque vocibus sive de vulgari sive de expolito sermone depromptis manifestat. Quapropter omnibus omnium temporum et locorum hominibus accommodatae sunt. Possunt quidem, quod fructuosissime contingit, clarius et apertius exponi, numquam tamen nisi eodem sensu quo adhibitae sunt, ut proficiente fidei intellegentia maneat fidei immutabilis veritas. Nam, docente Concilio Vaticano I, sacrorum dogmatum « is sensus perpetuo est retinendus, quem semel declaravit sancta mater Ecclesia, nec umquam ab eo sensu altioris intelligentiae specie et nomine recedendum » [11].
Le mystère eucharistique se réalise dans le Sacrifice de la MesseMysterium Eucharisticum in Missae Sacrificio conficitur
A présent Nous aimons, Vénérables Frères, à rappeler pour l’édification et la joie de tous, la doctrine que l’Eglise tient de la tradition et enseigne dans un accord unanime.Ad communem vero omnium aedificationem et laetitiam libet vobiscum, Venerabiles Fratres, recolere doctrinam quam de Mysterio Eucharistico traditam tenet et unanimi consensu docet Catholica Ecclesia.
D’abord il est bon de redire ce qui forme comme la synthèse et le sommet de cet enseignement : dans le mystère eucharistique est représenté de façon merveilleuse le Sacrifice de la Croix consommé une fois pour toutes sur le Calvaire ; ce Sacrifice y est sans cesse rendu présent à notre souvenir et sa vertu salutaire y est appliquée à la rémission des péchés qui se commettent chaque jour [12].Illud in primis, quod huius doctrinae est veluti summa et caput, iuvat meminisse, scilicet per Mysterium Eucharisticum Sacrificium Crucis, semel in Calvaria peractum, admirabili modo repraesentari, iugiter in memoriam revocari eiusque virtutem salutarem in remissionem eorum quae quotidie a nobis committuntur peccatorum applicari [12].
Notre-Seigneur Jésus-Christ en instituant le mystère eucharistique a scellé de son sang la Nouvelle Alliance dont Il est le Médiateur, comme déjà Moïse avait scellé l’Ancienne Alliance dans le sang des victimes [13]. L’Evangile le rapporte : à la dernière Cène, "ayant pris le pain, Il rendit grâces et rompit le pain puis le donna aux Apôtres en disant : Ceci est mon Corps donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. Pareillement Il prit la coupe, après le repas, en disant : Ceci est la coupe de la Nouvelle Alliance dans mon sang répandu pour vous " [14]. En prescrivant aux Apôtres de faire cela en souvenir de Lui, Il voulait du même coup que le geste se renouvelât perpétuellement.Mysterium quippe Eucharisticum instituens, Christus Dominus Novum Testamentum, cuius Mediator est, sanxit sanguine suo, sicut olim Moyses Vetus sanxerat sanguine vitulorum [13]. Ut enim Evangelistae narrant, in novissima Cena accepto pane, gratias egit, et fregit, et dedit eis dicens : Hoc est corpus meum, quod pro vobis datur : hoc facite in meam commemorationem. Similiter et calicem, postquam cenavit, dicens : Hic est calix novum testamentum in sanguine mea, qui pro vobis fundetur [14]. Iubens autem Apostolos ut id in memoriam sui facerent, idem perpetuo renovandum esse voluit.
Et l’Eglise a fidèlement exécuté cette consigne, restant attachée aux enseignements des Apôtres et se réunissant pour célébrer le Sacrifice Eucharistique. "Et tous étaient assidus aux enseignements des Apôtres et aux réunions communes, à la fraction du pain et aux prières" [15]. Et telle était la ferveur que les fidèles y puisaient qu’on pouvait dire à leur sujet. " La masse des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme " [16].Quod primaeva Ecclesia fideliter exsecuta est in doctrina Apostolorum perseverans et ad Sacrificium Eucharisticum celebrandum conveniens. Erant autem perseverantes, ut diligenter testatur S. Lucas, in doctrina Apostolorum, et communicatione fractionis panis, et orationibus [15]. Tantum inde concipiebant Christifideles animi fervorem, ut de iis hoc affirmari potuerit : multitudinis credentium erat cor unum et anima una [16].
A son tour l’Apôtre Paul, qui nous a transmis avec une extrême fidélité ce qu’il avait appris du Seigneur [17], parle ouvertement du Sacrifice Eucharistique quand il explique que les chrétiens ne peuvent avoir part aux sacrifices des païens, précisément parce qu’ils sont devenus participants de la table du Seigneur. "La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas une communion au sang du Christ ? Et le pain que nous rompons n’est-il pas une participation au corps du Christ ? ... Vous ne pouvez boire à la coupe du Seigneur et à la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table des démons" [18].Paulus vero Apostolus, qui fidelissime nobis tradidit quod acceperat a Domino [17], de Sacrificio Eucharistico aperte loquitur cum ostendit christianos Sacrificia paganorum participare non debere quippe qui mensae Domini participes facti sint. Calix benedictionis, cui benedicimus, inquit, nonne communicatio sanguinis Christi est ? et panis, quem frangimus, nonne participatio corporis Christi est ? ... : non potestis calicem Domini bibere et calicem daemoniorum : non potestis mensae Domini participes esse et mensae daemoniorum [18].
Cette oblation nouvelle du Nouveau Testament, que Malachie avait prédite [19], l’Eglise, instruite par le Seigneur et les Apôtres, l’a toujours offerte "non seulement pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres nécessités des fidèles vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts dans le Christ et ne sont pas encore pleinement purifiés" [20].Hanc Novi Testamenti novam oblationem quam praesignaverat Malachias [19], Ecclesia, a Domino et Apostolis edocta, semper obtulit « non solum pro fidelium vivorum peccatis, poenis, satisfactionibus et aliis necessitatibus, sed et pro defunctis in Christo, nondum ad plenum purgatis » [20].
Pour ne rien dire des autres témoignages, évoquons seulement celui de saint Cyrille de Jérusalem, qui, formant les néophytes dans la foi chrétienne, prononça ces paroles mémorables " Après avoir accompli le sacrifice spirituel, rite non sanglant, nous adressons à Dieu, sur cette hostie de propitiation, des supplications pour la paix partout dans l’Eglise, pour l’empereur, les armées et les alliés, pour les malades et les gens éprouvés, et en général nous prions tous pour tous ceux qui sont morts parmi nous ; nous sommes convaincus que cette invocation sera de très grand secours pour les âmes en faveur desquelles monte la prière tandis qu’est présente la victime sainte et redoutable ". A l’appui de son enseignement le Docteur apporte l’exemple de la couronne que l’on tresse pour l’empereur, en vue d’obtenir le pardon des exilés, et il conclut : "De même nous aussi nous présentons à Dieu des prières pour les défunts, même s’ils furent pécheurs ; nous ne Lui tressons pas une couronne, mais nous Lui offrons en rançon de nos péchés le Christ immolé, tâchant de rendre Dieu propice à nous et à eux ". [21]Unum, ut cetera taceamus, commemoramus testimonium, nempe S. Cyrilli Hierosolymitani, qui neophytos in fide christiana instruens, haec memoranda verba fecit : « Postquam vero perfectum est spirituale sacrificium, incruentus cultus, super illam propitiationis hostiam obsecramus Deum pro communi Ecclesiarum pace ; pro recta mundi compositione, pro imperatoribus, pro militibus et sociis, pro iis qui infirmitatibus laborant, pro iis qui afflictionibus premuntur, et universim pro omnibus qui opis indigent precamur nos omnes, et haec victimam offerimus ... deinde et pro defunctis sanctis patribus et episcopis et omnibus generatim qui inter nos vita functi sunt [oramus]], maximum hoc credentes adiumentum illis animabus fore, pro quibus oratio defertur, dum sancta et perquam tremenda coram facet victima ». Re autem confirmata exemple, coronae, quae plectitur imperatori, ut in exsilium pulsis veniam praestet, idem S. Doctor sermonem concludit dicens : « Ad eumdem modum et nos pro defunctis, etiamsi peccatores sint, preces Deo offerentes, non coronam plectimus, sed Christum mactatum pro peccatis postris offerimus, clementem Deum cum pro illis tum pro nobis demereri et propitiare satagentes » [21], 8-18 ; PG 33, 1115-1118]].
Saint Augustin atteste que la coutume d’offrir le sacrifice de notre rédemption pour les défunts comme pour les vivants était en vigueur dans l’Eglise de Rome [22] et en même temps que cette coutume s’observait dans l’Eglise entière. [23]Hunc morem offerendi « sacrificium pretii nostri » etiam pro defunctis in Ecclesia Romana vigentem S. Augustinus testatur [22] simulque animadvertit eumdem, tamquam a Patribus traditum, ab universa observari Ecclesiae [23].
Mais il est autre chose que Nous Nous plaisons à ajouter, vu sa grande utilité pour éclairer le mystère de l’Eglise : celle-ci, jouant en union avec le Christ le rôle de prêtre et de victime, est tout entière à offrir le Sacrifice de la Messe et elle y est offerte tout entière. Cet admirable enseignement, déjà livré par les Pères [24] a été, à une époque récente, exposé par Notre Prédécesseur Pie XII d’heureuse mémoire [25] et en dernier lieu il a été formulé par le Ile Concile du Vatican dans la Constitution De Ecclesia à propos du Peuple de Dieu.[26] C’est Notre vif désir de le voir toujours davantage expliqué et plus profondément imprimé dans l’âme des fidèles, sans détriment de la juste différence de nature et non seulement de degré qui distingue le sacerdoce des fidèles du sacerdoce hiérarchiques[27]. Il n’est pas de doctrine plus apte à alimenter la piété eucharistique et à mettre en valeur la dignité de tous les fidèles comme aussi à presser les cœurs d’atteindre le sommet de la sainteté - lequel consiste simplement à se mettre tout au service de la Majesté divine par une généreuse offrande de soi-même.Sed est aliud, quod, cum ad mysterium Ecclesiae illustrandum maxime conducat, addere libet, id est Ecclesiam una cum Christo munere fungentem sacerdotis et victimae, Missae Sacrificium totam offerre in eoque et ipsam totam offerri. Haec doctrina sane mirabilis, quam olim docuerunt Patres [24], quam paucis ante annis Decessor Noster f. r. Pius XII exposuit [25] quamque nuper Concilium Vaticanum II in Constitutione de Ecclesia, cum de populo Dei ageret, expressit [26], vehementer optamus, servata, quemadmodum par est, distinctione non gradus solum sed etiam essentiae, quae intercedit inter sacerdotium commune et sacerdotium hierarchicum [27], ut etiam atque etiam explanetur animisque fidelium penitus inseratur ; aptissima enim invenitur ad pietatem Eucharisticam fovendam, ad dignitatem omnium fidelium extollendam necnon ad eorum impellendum animum ut fastigium sanctitatis, quod idem est ac generosa sui oblatione totum se divinae Maiestati mancipare, attingat.
Il faut aussi rappeler la conclusion qui découle de cette doctrine concernant le caractère public et social de toute Messe.[28] En effet, la Messe, même si elle est célébrée en particulier par un prêtre, n’est jamais pour autant une démarche privée mais elle est action du Christ et de l’Eglise, qui a appris à s’offrir elle-même, dans le sacrifice qu’elle offre, en sacrifice universel, appliquant au salut du monde entier la vertu rédemptrice unique et infinie du Sacrifice de la Croix. Il n’est pas de Messe qui ne soit offerte pour le salut du monde entier et non seulement pour le salut de quelques personnes.Praeterea, quae inde elucet conclusio de « natura publica et sociali cuiusvis Missae » [28], commemoretur oportet. Quaelibet enim Missa, etsi a sacerdote privatim celebratur, privata tamen non est, sed actus Christi et Ecclesiae ; quae quidem Ecclesia in sacrificio, quod offert, seipsam tamquam universale sacrificium discit offerre et unicam et infinitam redemptricem sacrificii Crucis virtutem universo mundo ad salutem applicat. Unaquaeque enim Missa quae celebratur, non pro aliquorum tantum sed pro totius etiam mundi salute offertur.
Par conséquent, s’il est hautement convenable qu’à la célébration de la Messe les fidèles participent activement en grand nombre, il n’y a pas à blâmer mais au contraire à approuver la célébration de la Messe en privé, conformément aux prescriptions et aux traditions de la Sainte Eglise, par un prêtre avec un seul ministre pour la servir. C’est que cette Messe assure une grande abondance de grâces particulières au bénéfice soit du prêtre lui-même soit du peuple fidèle et de toute l’Église et même du monde entier, grâces qui ne pourraient être obtenues aussi largement par la seule Communion.Inde sequitur ut si Missae celebrationem quasi natura sua frequens et actuosa fidelium participatio maxime deceat, carpenda tamen non sit, immo probanda Missa quae, iuxta Sanctae Ecclesiae praescripta et legitimas traditiones, iusta de causa a Sacerdote privatim, etiam solo ministro inserviente et respondente, celebratur ; ex illa enim non parva, immo amplissima peculiarium gratiarum copia ad salutem tum ipsi sacerdoti, tum fideli populo et toti Ecclesiae, tum universo mundo provenit, quae gratiae eadem copia per solam Communionem non obtinentur.
C’est pourquoi Nous recommandons avec une paternelle insistance aux prêtres, qui à un titre particulier sont dans le Seigneur Notre joie et Notre couronne, de rester conscients du pouvoir que I’Évêque consécrateur leur conféra d’offrir à Dieu le Sacrifice et de célébrer des Messes tant pour les vivants que pour les défunts au nom du Seigneur [29] et de célébrer chaque jour la Messe en toute dignité et dévotion, afin qu’eux-mêmes et les autres fidèles profitent de l’application des fruits abondants issus du Sacrifice de la Croix. De cette façon ils contribueront grandement aussi au salut du genre humain.Paterne igitur et enixe commendamus sacerdotibus, qui potissimum gaudium Nostrum et corona Nostra sunt in Domino, ut memores potestatis quam per Episcopum consecrantem acceperunt, offerendi scilicet Sacrificium Deo Missasque celebrandi tam pro vivis quam pro defunctis in nomine Domini [29], quotidie digne et devote Missam celebrerat, ut ipsi et ceteri Christifideles fructuum ex sacrificio Crucis uberrime manantium applicatione fruantur. Ita etiam plurimum ad salutem humani generis conferunt.
Dans le sacrifice de la Messe, le Christ se rend sacramentellement présent.In Missae Sacrificio Christus sacramentaliter praesens efficitur
Ce que Nous venons de résumer touchant le Sacrifice de la Messe Nous amène à dire aussi un mot du Sacrement de l’Eucharistie : Sacrifice et Sacrement s’intègrent ensemble dans le même mystère en sorte qu’on ne peut séparer l’un de l’autre. Le Seigneur s’immole de manière. non sanglante dans le Sacrifice de la Messe, qui représente le Sacrifice de la Croix, en appliquant la vertu salutaire, au moment où par l’effet des paroles de la consécration il commence d’être sacramentellement présent comme nourriture spirituelle des fidèles sous les espèces du pain et du vin.Pauca quae tetigimus de Missae Sacrificio animum addunt, ut nonnulla etiam exponamus de Eucharistiae Sacramento, cum utrumque, Sacrificium et Sacramentum, ad idem mysterium pertineat et alterum ab altero separari non possit. Tunc Dominus incruente immolatur in Sacrificio Missae, Crucis sacrificium repraesentante et virtutem eius salutiferam applicante, cum per consecrationis verba sacramentaliter incipit praesens adesse, tamquam spiritualis fidelium alimonia, sub speciebus panis et vini.
Bien divers sont, nous le savons tous, les modes de présence du Christ à son Eglise. Il est utile de reprendre un peu plus largement cette vérité si belle que la Constitution sur la Sainte Liturgie a brièvement exposées [30]. Le Christ est présent à son Église qui prie, étant Lui-même Celui qui "prie pour nous, qui prie en nous et qui est prié par nous : il prie pour nous comme notre Prêtre ; il prie en nous comme notre Chef ; il est prié par nous comme notre Dieu " ; [31] c’est lui-même qui a promis : "Là où se trouveront réunis en mon nom deux ou trois, je m’y trouverai au milieu d’eux" [32]Omnes compertum habemus non unam esse rationem, qua Christus praesens adsit Ecclesiae suae. Rem iucundissimam, quam Constitutio De Sacra Liturgia breviter exposuit [30], paulo fusius recolere iuvat. Praesens adest Christus Ecclesiae suae oranti, cum ipse sit qui « et oret pro nobis, et oret in nobis, et oretur a nobis : orat pro nobis ut sacerdos poster, orat in nobis ut caput nostrum, oratur a nobis ut Deus noster » [31], quique ipse promiserit : ubi sunt duo vel tres congregati in nomine meo, ibi sum in medio eorum [32].
Il est présent à son Eglise qui accomplit les œuvres de miséricorde, non seulement parce que, quand nous faisons un peu de bien à l’un de ses frères les plus humbles nous le faisons au Christ lui-même, [33] mais aussi parce que c’est le Christ lui-même qui opère ces actions par le moyen de son Eglise y venant toujours au secours des hommes avec sa charité divine. Il est présent à l’Eglise qui dans son pèlerinage terrestre aspire au port de la vie éternelle,, puisqu’Il habite en nos cœurs par la foi [34] et qu’Il y répand la charité par l’action de l’Esprit Saint que lui-même nous a donné.[35]Praesens adest Ecclesiae suae opera misericordiae exercenti ; non solum quia, dum aliquid boni facimus uni ex fratribus eius minimis id ipsi Christo facimus [33], verum etiam quia Christus est, qui per Ecclesiam haec opera facit, continenter hominibus divina caritate subveniens. Praesens adest Ecclesiae suae peregrinanti et ad portum aeternae vitae pervenire cupienti, cum Ipse habitet per fidem in cordibus nostгis [34] et in ea caritatem diffundat per Spiritum Sanctum, quem dat nobis [35].
D’une autre façon, non moins véritable, Il est présent à son Eglise qui prêche, puisque l’Evangile qu’elle annonce est Parole de Dieu et que cette Parole est proclamée au nom et par l’autorité du Christ, Verbe de Dieu incarné, et avec son assistance, afin qu’il y ait " un seul troupeau se confiant à un unique berger " [36]Alia quidem ratione, verissime tamen, praesens adest Ecclesiae suae praedicanti, cum Evangelium, quod annuntiatur, verbum Dei sit, et nonnisi nomine et auctoritate Christi, Verbi Dei incarnati, ipsoque adsistente, praedicetur, ut sii « unus grex de uno pastore securus » [36].
Il est présent à l’Église qui dirige et gouverne le Peuple de Dieu, puisque le pouvoir sacré découle du Christ, et que le Christ, " Pasteur des Pasteurs ", assiste les Pasteurs qui exercent ce pouvoir [37] selon la promesse faite aux Apôtres. Praesens adest Ecclesiae suae populum Dei regenti et gubernanti, cum sacra potestas a Christo sit et pastoribus eam exercentibus Christus adsit, « Pastor pastorum » [37], secundum promissionem Apostolis factam.
De plus, et d’une manière plus sublime encore, le Christ est présent à son Eglise qui en son nom célèbre le Sacrifice de la Messe et administre les Sacrements. A propos de la présence du Christ dans l’offrande du Sacrifice de la Messe, laissez-Nous citer ce que saint Jean Chrysostome, transporté d’admiration, dit avec justesse et éloquence : "je veux ajouter une chose vraiment étonnante, mais ne soyez point surpris ni troublés. Qu’est-ce donc ? L’offrande est la même, qui que ce soit qui la présente, ou Paul ou Pierre ; cette même offrande que le Christ confia aux disciples et que maintenant les prêtres accomplissent : celle-ci n’est pas inférieure à celle-là, parce qu’elle ne tient pas sa sainteté des hommes mais de Celui qui la fit sainte. Comme les paroles dites par Dieu sont celles-là même qu’à présent le prêtre prononce, ainsi l’oblation est la même " [38]Insuper, et sublimiore quidem modo, praesens adest Christus Ecclesiae suae Sacrificium Missae nomine ipsius immolanti ; adest Sacramenta administranti. De praesentia Christi in Missae Sacrificio offerendo commemorare placet ea, quae S. Ioannes Chrysostomus admiratione percitus, non minus vere quam diserte, dixit : « Volo quid plane stupendum adicere, sed ne miremini neque turbemini. Quid hoc est ? oblatio eadem est, quisquis offerat, sive Paulus, sive Petrus ; eadem est, quam Christus dedit discipulis, et quam nunc sacerdotes faciunt : haec illa nihil minor est, quia non homines haec sanctificant, sed is ipse qui illam sanctificavit. Sicut enim verba quae Deus locutus est, eadem sunt quae nunc sacerdos dixit, sic oblatio eadem ipsa est » [38].
Personne non plus n’ignore que les Sacrements sont action du Christ qui les administre par le moyen des hommes. Pour cette raison ils sont saints d’eux-mêmes, et par la vertu du Christ ils confèrent la grâce à l’âme en atteignant le corps.Sacramenta vero actiones esse Christi, qui eadem per homines administrat, nemo est qui ignoret. Et ideo Sacramenta per se ipsa sancta sunt et Christi virtute dum corpus tangunt animae gratiam infundunt.
On reste émerveillé devant ces divers modes de présence du Christ et on y trouve à contempler le mystère même de l’Eglise. Pourtant bien autre est le mode, vraiment sublime, selon lequel le Christ est présent à l’Eglise dans le Sacrement de l’Eucharistie. C’est pourquoi celui-ci est parmi tous les Sacrements "le plus doux pour la dévotion, le plus beau pour l’intelligence, le plus saint pour ce qu’il renferme " ; [39] oui il renferme le Christ lui-même et il est, "comme la perfection de la vie spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les Sacrements ".[40]Hae praesentiae rationes stupore mentem replent et mysterium Ecclesiae contemplandum praebent. Sed alia est ratio, praestantissima quidem, qua Christus praesens adest Ecclesiae suae in sacramento Eucharistiae, quod est propterea inter cetera Sacramenta « devotione suavius, intellegentia pulchrius, continentia sanctius » [39] ; continet enim ipsum Christum et est « quasi consummatio spiritualis vitae et omnium sacramentorum finis » [40].
Cette présence, on la nomme "réelle", non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas " réelles ", mais par excellence ou " antonomase ", parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier.[41] Ce serait donc une mauvaise explication de cette sorte de présence que de prêter au Corps du Christ glorieux une nature spirituelle (" pneumatique") omniprésente ; ou de réduire la présence eucharistique aux limites d’un symbolisme, comme si ce Sacrement si vénérable ne consistait en rien autre qu’en un signe efficace "de la présence spirituelle du Christ et de son union intime avec les fidèles, membres du Corps Mystique". [42]Quae quidem praesentia « realis » dicitur non per exclusionem, quasi aliae « reales » non sint, sed per excellentiam, quia est substantialis, qua nimirum totus atque integer Christus, Deus et homo, fit praesens [41]. Perperam igitur hanc praesentiae rationem aliquis explicet fingendo naturam « pneumaticam », uti dicunt, corporis Christi gloriosi ubique praesentem ; aut illam intra limites symbolismi coarctando, quasi hoc augustissimum Sacramentum nulla alia constet re quam signo efficaci « spiritualis praesentiae Christi eiusque intimae coniunctionis cum fidelibus membris in Corpore Mystico » [42]
Assurément le symbolisme eucharistique a été abondamment étudié par les Pères et les Scolastiques, surtout par rapport à l’unité de l’Eglise ; le Concile de Trente a résumé cette doctrine quand il enseigne que notre Sauveur a laissé à son Eglise l’Eucharistie " comme symbole de son unité et de la charité par laquelle Lui-même veut voir tous les chrétiens intimement unis entre eux ", "et donc comme un symbole de ce Corps unique dont Il est la Tête " [43]Sane de symbolismo Eucharistico, praesertim quoad Ecclesiae unitatem, multa disseruerunt Patres, multa Doctores scholastici, quorum doctrinam perstringens, Concilium Tridentinum docuit Salvatorem nostrum in Ecclesia sua Eucharistiam reliquisse « tamquam symbolum ... eius unitatis et caritatis, qua christianos omnes inter se coniunctos et copulatos esse voluit », « adeoque symbolum unius illius corporis cuius Ipse caput exsistit » [43].
Aux premiers débuts de la littérature chrétienne, l’auteur inconnu de l’ouvrage intitulé Didachè ou Doctrine des XII Apôtres écrivait à ce sujet : "Pour ce qui regarde l’Eucharistie, rendez grâce de cette manière : ... comme ce pain rompu était précédemment dispersé sur les montagnes et devint un par le rassemblement des grains, qu’ainsi ton Église se rassemble des confins de la terre en ton Royaume". [44]In ipso exordio litterarum christianarum ignotus auctor operis cui titulus « Didachè seu Doctrina duodecim Apostolorum » haec ad rem spectantia scripsit : « Quod ad Eucharistiam attinet, sic gratias agite : ... sicut hic panis fractus dispersus erat supra montes, et collectus factus est unus, ita colligatur ecclesia tua a finibus terme in regnum tuum » [44].
Pareillement saint Cyprien, défendant l’unité de l’Eglise contre le schisme, écrit : " Enfin les Sacrifices mêmes du Seigneur mettent en lumière l’unité des chrétiens, soudés par une charité solide et infrangible. Car quand le Seigneur appelle son corps le pain composé de l’union d’une multitude de grains, Il désigne notre peuple réuni, ce peuple que Lui-même portait ; et quand Il appelle son sang le vin tiré d’une quantité de grappes et de raisins dont le jus a été exprimé et mêlé, Il désigne de même notre troupeau unifié par la fusion de toute une multitude ".[45]Item S. Cyprianus unitatem Ecclesiae urgens contra schisma, « Denique », inquit, « unanimitatem Christianam firma sibi atque inseparabili caritate connexam etiam ipsa Dominica sacrificia de clarant. Nam quando Dominus corpus suum panem vocat de multorum granorum adunatione congestum, populum nostrum quem portabat indicat adunatum ; et quando sanguinem suum vinum appellat de botris atque acinis plurimis expressum atque in unum coactum, gregem item nostrum significat commixtione adunatati multitudinis copulatum » [45].
D’ailleurs, avant tous les autres, l’Apôtre J’avait dit aux Corinthiens : " Puisqu’il y a un seul pain, nous ne formons à nous tous qu’un seul corps, car tous nous avons part à ce pain unique ".[46]Omnes ceteroquin praecesserat Apostolus scribens ad Corinthios : Quoniam unus panis, unum corpus multi sumus, omnes qui de uno pane participamus [46].
Mais si le symbolisme eucharistique nous fait bien saisir l’effet propre de ce Sacrement, qui est l’unité du Corps Mystique, il ne rend pas compte et il ne donne pas l’expression de ce qui dans la nature du Sacrement le distingue des autres. Car l’enseignement constamment départi par l’Eglise aux catéchumènes, le sens du peuple chrétien, la doctrine définie par le concile de Trente et les paroles elles-mêmes par lesquelles le Christ institua la Sainte Eucharistie, nous obligent de professer que "l’Eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a souffert pour nos péchés et que le Père a ressuscité dans sa bonté ".[47] Aux paroles du martyr Ignace Nous joignons volontiers celles de Théodore de Mopsueste, qui est en cela témoin de la foi de l’Eglise : C’est que, écrit-il, le Seigneur parlant aux disciples " ne dit point : ceci est le symbole de mon Corps et ceci est le symbole de mon Sang, mais : ceci est mon Corps et ceci est mon Sang, nous apprenant à ne pas considérer la nature de la chose qui s’offrait à nos sens ; en effet par l’action de la grâce cet objet a été changé en chair et en sang ". [48]At symbolismus Eucharisticus, si ad effectum huius Sacramenti proprium, qui unitas est Corporis Mystici, apte nos ducit intellegendum, tamen Sacramenti naturam, qua ab aliis distinguitur, non explicat, non edisserit. Nam perpetua Ecclesiae Catholicae instructio, catechumenis tradita, populi christiani sensus, doctrina definita a Concilio Tridentino, ipsaque verba Christi sanctissimam Eucharistiam instituentis profiteri nos iubent « Eucharistiam carnem esse Salvatoris nostri Iesu Christi, quae pro peccatis nostris passa est, quamque Pater benignitate sua suscitavit » [47]. His verbis S. Ignatii Antiocheni licet addere ea quibus Theodorus Mopsuestenus, hac in re idei Ecclesiae testis fidelis, populum est allocutus : « Dominus enim non dixit : Hoc est symbolum corporis mei, et hoc symbolum sanguinis mei, sed : Hoc est corpus meum et languis meus. Docet nos non attendere naturam rei subiectae ac sensibus propositae : ea enim per gratiarum actionem et verba super eam pronuntiata, in carnem et sanguinem mutata est » [48].
Le Concile de Trente, appuyé sur cette foi de l’Eglise, "affirme ouvertement et sans détour que dans le vénérable Sacrement de la Sainte Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est présent vraiment, réellement et substantiellement sous l’apparence de ces réalités sensibles ". Notre Sauveur est donc présent dans son humanité non seulement à la droite du Père mais en même temps dans le Sacrement de l’Eucharistie "en un mode d’existence que nos mots peuvent sans doute à peine exprimer, mais que notre intelligence, éclairée par la foi, peut cependant reconnaître et que nous devons croire fermement comme une chose possible à Dieu ".[49]Hac Ecclesiae fide innixa Tridentina Synodus « aperte et simpliciter profitetur, in almo sanctae Eucharistiae sacramento post panis et vini consecrationem Dominum Nostrum Iesum Christum, verum Deum atque hominem, vere, realiter ac substantialiter sub specie illarum rerum sensibilium contineri ». Ideo Salvator poster secundum suam humanitatem praesens adest non solum ad dexteram Patris, iuxta modum exsistendi naturalem, sed simul etiam in sacramento Eucharistiae « ea exsistendi ratione, quam etsi verbis exprimere vix possumus, possibilem tamen esse Deo, cogitatione per fidem illustrata, assequi possumus et constantissime credere debemus » [49].
Le Christ Notre Seigneur est présent dans le Sacrement de l’EucharistieChristus Dominus praesens adest in Eucharistiae Sacramento per transsubstantiationem
Mais afin de parer à tout malentendu concernant ce mode de présence supérieur aux lois naturelles et qui dans son genre constitue le plus grand des miracles [50] il faut écouter avec docilité la voix de l’Église dans son enseignement et sa prière. Or cette voix, qui ne cesse de faire écho à la voix du Christ, nous assure que le Christ ne se rend présent dans ce Sacrement que par la conversion de toute la substance du pain au corps du Christ et de toute la substance du vin au sang du Christ ; conversion singulière et merveilleuse, que l’Eglise Catholique dénomme en toute justesse et propriété de terme transsubstantiation.[51] Celle-ci accomplie, les espèces du pain et du vin acquièrent sans doute une nouvelle signification et une fin nouvelle puisqu’il n’y a plus le pain ordinaire et la boisson ordinaire, mais le signe d’une chose sacrée et le signe d’un aliment spirituel ; mais les espèces tiennent cette signification et cette finalité nouvelles du fait qu’elles portent une réalité nouvelle, que nous appelons à bon droit ontologique.Ne autem hunc praesentiae modum, qui leges naturae praetergreditur et miraculum omnium in suo genere maximum efficit [50], perperam aliquis intellegat, docentis et orantis Ecclesiae vocem docili mente sequamur oportet. Porro haec vox, quae Christi vocem iugiter resonat, certiores nos facit non aliter Christum fieri praesentem in hoc Sacramento quam per conversionem totius substantiae partis in corpus et totius substantiae vini in sanguinem ipsius, quam conversionem, plane mirabilem et singularem, Catholica Ecclesia convenienter et proprie transsubstantiationem appellat [51]. Peracta transsubstantiatione, species partis et vini novam procul dubio induunt significationem, novumque finem, cum amplius non sint communis partis et communis potus, sed signum rei sacrae signumque spiritualis alimoniae ; sed ideo novam induunt significationem et novum finem, quia novam continent « realitatem », quam merito ontologicam dicimus.
En effet, sous les espèces dont nous parlons, il n’y a plus ce qui s’y trouvait auparavant, mais quelque chose de tout différent ; et cela non seulement en dépendance du jugement que porte la foi de l’Église, mais par le fait de la réalité objective elle-même ; car une fois la nature ou substance du pain et du vin changée en corps et sang du Christ, il ne subsiste du pain et du vin rien que les seules espèces, sous lesquelles le Christ tout entier est présent en sa réalité physique, et même corporelle, bien que selon un mode de présence différent de celui selon lequel les corps occupent tel ou tel endroit.Non enim sub praedictis speciebus iam latet quod prius erat, sed aliud omnino ; et quidem non tantum ob fidei Ecclesiae aestimationem, sed ipsa re, cum conversa substantia seu natura partis et vini in corpus et sanguinem Christi, nihil panis et vini maneat eisi solae species ; sub quibus totus et integer Christus adest in sua physica « realitate » etiam corporaliter praesens, licet non comodo quo corpora adsunt in loco.
D’où le souci qu’eurent les Pères d’avertir les fidèles de ne pas se fier, dans la considération de ce Sacrement très vénérable, aux sens, qui signalent les caractéristiques du pain et du vin, mais aux paroles du Christ, qui ont le pouvoir de changer, transformer, de "convertir jusqu’aux éléments" le pain et le vin, au corps et au sang du Seigneur. En vérité, comme les Pères le répètent souvent, la puissance qui opère ce prodige est la puissance même de Dieu Tout-Puissant, qui au commencement du temps a créé l’univers à partir de rien. " Instruit de ces vérités, dit saint Cyrille de Jérusalem au terme de son discours sur les mystères de la foi, et pénétré d’une foi vigoureuse, pour laquelle ce qui semble du pain n’en est pas, malgré la sensation du goût, mais est le Corps du Christ, et ce qui semble du vin n’en est pas, en dépit de la saveur éprouvée, mais est le Sang du Christ... fortifie ton cœur en mangeant ce pain comme une nourriture spirituelle et donne la joie au visage de ton âme ".[52]Qua de causa Patres sollemne habuerunt monere fideles, ut in hoc augustissimo Sacramento considerando, non acquiescerent sensibus, qui partis et vini referunt proprietates, sed verbis Christi, quae tantae sunt virtutis, ut panem et vinum in corpus et sanguinem ipsius mutent, transforment, « transelementent », siquidem, ut iidem Patres non semel dicunt, virtus, quae hoc facit, eadem omnipotentis Dei virtus est, quae ab initio temporis universitatem rerum ex nihilo creavit. « Isthaec edoctus et certissima imbutus fide », inquit S. Cyrillus Hierosolymitanus concludens sermonem de Fidei mysteriis, « quod qui videtur panis, panis non est, tametsi gustu sensibilis sit, sed corpus Christi ; et quod videtur vinum, vinutu non est, etiamsi ita gustui videatur, sed sanguis Christi ... confirma cor tuum, panem illum tanquam spiritualem sumens, et animae tuae faciem exhilara » [52] ; PG 33, 1103]].
Et saint Jean Chrysostome d’insister : " Ce n’est pas l’homme qui fait que les choses offertes deviennent Corps et Sang du Christ, mais le Christ lui-même, qui a été crucifié pour nous. Le prêtre, figure du Christ, prononce ces paroles, mais leur efficacité et la grâce sont de Dieu. Ceci est mon corps : cette parole transforme les choses offertes "[53].Instat autem S. Ioannes Chrysostomus dicens : « Non homo est, qui facit ut proposita efficiantur corpus et sanguis Christi, sed ipse Christus qui pro nobis crucifixus est. Figuram implens stat sacerdos verba illa proferens, virtus autem et gratia Dei est. Hoc est Corpus meum, inquit. Hoc verbum transformat ea quae proposita sunt » [53].
Et avec Jean, évêque de Constantinople, est parfaitement d’accord Cyrille, évêque d’Alexandrie, qui écrit dans son commentaire de l’Evangile de S. Matthieu : " (Le Christ) a dit au mode indicatif : ceci est mon corps et ceci est mon sang, afin que tu ne penses pas que les choses sont une simple image, mais que tu croies que les choses offertes sont transformées réellement au corps et au sang du Christ, d’une manière mystérieuse, par la Toute-Puissance de Dieu ; prenant part à ces réalités, nous recevons la force vivifiante et sanctifiante du Christ".[54]Episcopo autem Constantinopolitano Ioanni mire concinit Episcopus Alexandrinus Cyrillus, qui in commentario suo in Evangelium S. Matthaei stribit : « Demonstrative autem dixit : Hoc est cor pus meum, et : hic est sanguis meus, ne figurarm esse arbitreris ea quae videntur, sed arcana ratione aliqua transformari ab omnipotente Deo vere oblata, in corpus et sauguinem Christi quorum participes effecti vivificam et sanetificantem Christi virtutem suscipimus » [54].
Et Ambroise, Evêque de Milan, dit en parlant clairement de la conversion eucharistique : "Soyons bien persuadés que ceci n’est pas ce que la nature a formé mais ce que la bénédiction a consacré, et que la force de la bénédiction l’emporte sur celle de la nature, parce que par la bénédiction la nature elle-même se trouve changée ". Puis, pour confirmer la vérité du mystère, il rappelle maints exemples de miracles rapportés par l’Écriture Sainte, notamment Jésus né de la Vierge Marie, et puis, passant à l’œuvre de la création, il conclut : "La parole du Christ, qui a pu faire de rien ce qui n’existait pas, ne pourrait donc changer les choses existantes en ce qu’elles n’étaient pas encore ? Car ce n’est pas moins de donner aux choses leur nature première que de la leur changer". [55]Mediolanensis vero Episcopus Ambrosius de conversione Eucharistica dilucide disserens : « Probemus », inquit, « non hoc esse quod natura formavit, sed quod benedictio consecravit ; maiorem que vim esse benedictionis quam naturae, quia benedictione etiam natura ipsa mutatur ». Volens autem mysterii adstruere veritatem, multa miraculorum exempla, quae in Seripturis Sacris narrantur, proponit, inter quae nativitatem ipsam Christi ex Virgine Maria, et posteaquam animum convertit ad creationis opus, concludens ait : « Sermo ergo Christi qui potuit ex nihilo farere quod non erat, non potest ea quae sunt in id mutare quod non erant ? Non enim minus est novas rebus dare, quam mutare naturas » [55].
Mais Nous n’avons pas besoin de multiplier les témoignages et il est plus utile de rappeler la fermeté de foi avec laquelle l’Eglise unanime résista à Béranger, qui, cédant aux difficultés soulevées par la raison, osa le premier nier la conversion eucharistique ; l’Eglise le menaça à plusieurs reprises de condamnation pour le cas où il ne se rétracterait pas. C’est ainsi que Notre Prédécesseur Grégoire VII lui imposa d’émettre sous la foi du serment la déclaration suivante : " je crois de coeur et je confesse de bouche que le pain et le vin qui sont sur l’autel sont, par le mystère de la prière sainte et par les paroles de notre Rédempteur, changés substantiellement en la chair véritable, propre et vivifiante, et au sang de notre Seigneur Jésus-Christ, et qu’après la consécration ils sont le vrai corps du Christ, qui est né de la Vierge, qui, offert pour le salut du monde, a été suspendu à la Croix, qui siège à la droite du Père, ainsi que le vrai sang du Christ, qui a coulé de son côté. Il n’y est pas seulement figurativement et par la vertu du sacrement, mais dans sa nature propre et dans sa véritable substance " [56]Sed multa testimonia contexere non vacat. Iuvat potius fidei firmitatem recolere qua Ecclesia unanimi conversione restitit Berengario qui, humanae rationis tedens difficultatibus, conversionem Eucharisticam negare primum ausus est, pluries eum, visi resipisceret, damnans. Ideo ius iurandum Decessor Noster S. Gregorius VII praestari iussit sequentibus verbis expressum : « Corde credo et ore confiteor panem et vinum, quae ponuntur in altari, per mysterium sacrae orationis et verba nostri Redemptoris substantialiter converti in veram et propriam ac vivificatricem carpem et sanguinem Iesu Christi Domini nostri et post consecrationem esse verum Christi corpus, quod natum est de Virgine et quod pro salute mundi oblatum in truce pependit, et quod sedet ad dexteram Patris, et verum sanguinem Christi, qui de latere eius effusus est, non tantum per signum et virtutem sacramenti, sed in proprietate naturae et veritate substantiae » [56].
A ces paroles correspond — exemple admirable de la stabilité de la foi catholique - ce que les Conciles Oecuméniques du Latran, de Constance, de Florence et finalement le Concile de Trente, ont enseigné sur le mystère de la conversion eucharistique, soit en exposant la doctrine de l’Église soit en condamnant certaines erreurs.Quibus verbis congruunt, admirabile stabilitatis fidei catholicae exemplum praebendo, ea quae Concilia Oecumenica Lateranense, Constantiense, Florentinum, demum Tridentinum de conversionis Eucharisticae mysterio sive exponendo Ecclesiae doctrinam, sive errores damnando, constanter docuerunt.
Après le Concile de Trente, Notre Prédécesseur Pie VI, pour réagir contre les erreurs du Synode de Pistoie, avertit sérieusement les curés, à qui incombe le devoir d’enseigner, de ne pas négliger de parler de la transsubstantiation, qui constitue un article de foi.[57]Post Tridentinum vero Concilium, Decessor Noster Pius VI contra errores synodi Pistoriensis graviter monuit ne parochi docendi munere fungentes a mentione facienda de transsubstantiatione, quae inter articulos fidei recensetur, abstinerent [57].
De même Notre Prédécesseur Pie XII d’heureuse mémoire rappela les limites à respecter par quiconque se livre à une discussion plus poussée touchant le mystère de la transsubstantiation.[58] Item Decessor Noster Pius XII, f. r., limites in memoriam revocavit, quos de transsubstantiationis mysterio subtiliter disputantibus transgredi non licet [58] ;
Nous-même, au récent Congrès Eucharistique National de l’Italie, tenu à Pise, Nous avons, suivant Notre devoir apostolique, donné une attestation publique et solennelle de la foi de l’Église. [59] Nosque ipsi in Conventu Eucharistico e Natione Italica Pisis nuper celebrato pro apostolico Nostro munere fidei Ecclesiae testimonium aperte sollemniterque reddidimus [59].
Du reste l’Eglise Catholique n’a pas seulement enseigné sans cesse mais elle a également vécu la foi en la présence du Corps et du Sang du Seigneur dans l’Eucharistie ; à ce grand Sacrement elle adresse l’adoration, le culte de latrie, qui ne peut être rendu qu’à Dieu.Ceterum Catholica Ecclesia, fidem de praesentia corporis et sanguinis Christi in Eucharistia non solum docendo, verum etiam vivendo tenuit, cum tantum Sacramentum cultu latriae, qui uni Deo debetur, nullo non tempore venerata sit.
A ce propos saint Augustin nous dit : " Dans cette chair [le Seigneur] a marché sur notre terre et Il nous a donné cette même chair à manger pour notre salut ; et personne ne la prend sans l’avoir d’abord adorée... de sorte qu’en l’adorant nous ne péchons point mais au contraire nous péchons si nous ne l’adorons pas ". [60] De quo S. Augustinus : « In ipsa carne », inquit, « (Dominus) hic ambulavit et ipsam carpem nobis manducandam ad salutem dedit ; nemo autem illam carpem manducat, nisi prius adoraverit... et non solum non peccemus adorando, sed peccemus non adorando » [60].
Sur le culte d’adoration dû au sacrement de l’EucharistieDe cultu latriae Sacramento Eucharistiae exhibendo
L’Eglise Catholique fait profession de rendre ce culte d’adoration au Sacrement de l’Eucharistie non seulement durant la Messe mais aussi en dehors de sa célébration ; elle conserve avec le plus grand soin les hosties consacrées et les présente aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité.Hunc latriae cultum Eucharistiae Sacramento praestandum, Catholica Ecclesia non solum intra, verum etiam extra Missarum sollemnia exhibuit et exhibet, consecratas Hostias quam diligentissime adservando, eas sollemni fidelium venerationi proponendo, in processionibus frequentissimi populi laetitia circumferendo.
Cette vénération est attestée par de nombreux documents très anciens de l’Eglise. En effet les Pasteurs de l’Eglise exhortaient toujours les fidèles à garder avec un soin extrême l’Eucharistie qu’ils emportaient chez eux. " C’est en vérité le Corps du Christ que les fidèles ont à manger ", remarquait saint Hippolyte.[61] On sait que les fidèles se jugeaient coupables, et avec raison, comme le dit Origène, si, devenus dépositaires du corps du Seigneur, et tout en l’entourant de précautions et d’un respect extrêmes, ils en laissaient par mégarde tomber une parcelle.[62]De qua veneratione perantiqua Ecclesiae documenta non unum perhibent testimonium. Pastores enim Ecclesiae id semper agebant, ut fideles hortarentur ad Eucharistiam, quam secum domibus haberent, summa cum diligentia adservandam. « Corpus enim Christi est edendum credentibus et non contemdendum », ut graviter monet S. Hippolytus [61]. Re quidem vera fideles reos se credebant, et merito quidem, ut memorat Origenes, si corpore Domini suscepto, et cum omni cautela et veneratione servato, aliquid inde per neglegentiam decidisset [62].
La sévérité avec laquelle les Pasteurs réprouvaient les manques de respect, Novatien en apporte le témoignage non suspect : il tient pour condamnable celui qui "sortant de la célébration dominicale et ayant l’Eucharistie sur lui, selon l’usage... n’a pas emporté immédiatement dans sa maison le Corps sacré du Seigneur " mais s’est empressé d’aller au spectacle.[63]Eosdem autem pastores quoscumque debitae reverentiae defectus, si qui irrepsissent, vehementer arguisse testis est Novatianus, hac in re fide dignus, qui damnationem mereri existimat cum qui « dimissus e dominico et adhuc gerens secum, ut assolet, eucharistiam ... sanctum Domini corpus circumtulit », non in suam domum, sed ad spectacula currens [63].
Saint Cyrille d’Alexandrie va jusqu’à rejeter comme une absurdité l’opinion de ceux qui prétendaient que l’Eucharistie ne contribue plus aucunement à nous sanctifier s’il s’agit d’un reste d’hostie datant de la veille : " Le Christ n’est pas sujet à altération, dit-il, et son Corps sacré ne change pas, mais en lui subsistent toujours la force, la puissance, la grâce qui vivifie ".[64]Immo S. Cyrillus Alexandrinus uti insaniam respuit eorum opinionera qui dicebant Eucharistiam ad sanctificationem nihil conferre, si quid ex ea in alium diem reliquum foret. « Neque enim », in quit, « alteratur Christus, neque sanctum eius corpus immutatur, sed benedictionis vis et facultas et vivificans gratia perpetua in ipso exsistit » [64].
On ne peut oublier non plus que dans l’antiquité les fidèles, soit qu’ils fussent exposés à la violence des persécutions, soit que par amour de la vie monastique ils vécussent dans la solitude, avaient coutume de se nourrir de l’Eucharistie même quotidiennement, prenant la Sainte Communion de leurs propres mains, si le prêtre ou le diacre faisait défaut. [65]Nec oblivisci fas est antiquitus fideles, sive persecutionum violentia vexatos, sive in solitudine ob vitae monasticae amorem commorantes, sese Eucharistia singulis etiam diebus refecisse, sacram Communionem, absente sacerdote aut diacono, suis ipsorum manibus sumentes [65].
Ceci soit dit non pour qu’on modifie la manière de garder l’Eucharistie et de recevoir la Sainte Communion, telle qu’elle est établie suivant les lois de l’Eglise en vigueur aujourd’hui, mais pour nous féliciter de voir la foi de l’Eglise rester toujours la même.Hoc autem non ideo dicimus, ut de more custodiendi Eucharistiam sacramque Communionem recipiendi, legibus ecclesiasticis postea praescripto et etiam nunc vigente, aliquid immutetur, sed ut de fide Ecclesiae, quae una et eadem semper est, collaetemur.
De cette foi unique est née également la Fête-Dieu ; elle fut célébrée la première fois au diocèse de Liège, spécialement sous l’influence de la Servante de Dieu, la Bienheureuse julienne de Mont Cornillon, et Notre Prédécesseur Urbain IV l’étendit à l’Eglise universelle. De cette foi tirent leur origine beaucoup d’autres institutions de piété eucharistique qui, sous l’inspiration de la grâce divine, sont toujours allées se multipliant et par lesquelles l’Église Catholique s’efforce, comme à l’envi, soit de rendre hommage au Christ soit de le remercier pour un don si grand, soit d’implorer sa miséricorde.Ex qua una fide etiam festum corporis Domini ortum habuit, quod in dioecesi Leodiensi, praesertim movente Dei famula beata Iuliana de Monte Cornelii, primo celebratum Decessor Noster Urbanus IV pro universa Ecclesia instituit, et multae pietatis Eucharisticae institutiones, quae divina inspirante gratia, magis in dies auctae sunt, et quibus Ecclesia Catholica quasi certatim et honorem exhibere Christo et ei pro tanto dono gratias agere et eius misericordiam implorare studet.
Exhortation à promouvoir le culte eucharistiqueExhortatio ad cultum Eucharisticum promovendum
Aussi, Vénérables Frères, cette foi qui ne tend qu’à rester fidèle à la parole du Christ et des Apôtres, bannissant toute opinion erronée et nuisible, Nous vous prions de la garder pure et intacte dans le peuple confié à vos soins et à votre vigilance. Veuillez promouvoir, sans épargner paroles et efforts, le culte eucharistique, vers lequel en définitive doivent converger toutes les autres formes de piété.Que sous votre impulsion les fidèles connaissent toujours davantage ce que dit saint Augustin et en fassent l’expérience [66] "Qui veut vivre, il a où vivre et de quoi vivre ; qu’il approche, qu’il croie, qu’il s’incorpore, afin d’être vivifié. Qu’il ne renonce jamais à l’union des membres entre eux, qu’il ne soit pas non plus un membre corrompu, digne d’être retranché, ni un membre difforme qui fasse honte ; qu’il soit un membre beau, habile, sain ; qu’il adhère au corps, qu’il vive de Dieu et pour Dieu ; qu’il travaille maintenant sur terre afin de pouvoir ensuite régner dans le ciel ".Oramus ergo vos, Venerabiles Fratres, ut hanc fidem, quae nihil aliud gestit quam omnimodam servare fidelitatem verbis Christi et Apostolorum, quibuslibet falsis perniciosisque opinionibus omnino exclusis, pure et integre, apud populum curae vestrae et vigilantiae commissum, custodiatis et cultum Eucharisticum, in quem ceteri pietatis modi demum conducant et desinant oportet, nullis parcentes verbis nullisque laboribus, promoveatis. Magis magisque, instantibus vobis, hoc noverint et experiantur Christifideles : « qui vult vivere, habet ubi vivat, habet unde vivat. Accedat, credat, incorporetur, ut vivificetur. Non abhorreat a compage membrorum, non sit putre membrum quod resecari mereatur, non sit distortum de quo erubescatur : sit pulchrum, sit aptum, sit sacum, haereat corpori, vivat Deo de Deo : nunc laboret in terra, ut postea regnet in caelo » [66].
Que chaque jour, comme c’est à souhaiter, les fidèles en grand nombre prennent une part active au Sacrifice de la Messe, se nourrissant de la Sainte Communion avec un cœur pur et saint, et qu’ils rendent grâces au Christ Notre Seigneur pour un si grand bienfait.Quotidie, ut optabile est, et quam frequentissimi fideles Missae sacrificium actuose participent, et sacra Communione pure sancteque se reficiant et congruam gratiarum actionem pro tanto dono Christo Domino rependant.
Qu’ils se rappellent ces paroles : "Le désir de Jésus-Christ et de l’Eglise de voir tous les fidèles s’approcher tous les jours de la Sainte Table a surtout cet objet : que tous les fidèles, unis à Dieu par l’effet du Sacrement, y puisent la force pour surmonter les passions, pour se purifier des fautes légères quotidiennes et pour éviter les péchés graves, auxquels est sujette la faiblesse humaine ".[67]Memores sint horum verborum : « Desiderium Iesu Christi et Ecclesiae, ut omnes Christifideles quotidie ad sacrum convivium accedant, in eo potissimum est ut per sacramentum Deo coniuncti robur inde capiant ad compescendam libidinem, ad leves culpas quae quotidie occurrunt abluendas, et ad graviora peccata, quibus humana fragilitas est obnoxia, praecavenda » [67].
Qu’au cours de la journée 1es fidèles ne négligent point de rendre visite au Saint Sacrement, qui doit être conservé en un endroit très digne des églises, avec le plus d’honneur possible, selon les lois liturgiques. Car la visite est une marque de gratitude, un geste d’amour et un devoir de reconnaissance envers le Christ Notre-Seigneur présent en ce lieu.Insuper visitationem sanctissimi Sacramenti, in nobilissimo loco et quam honorificentissime in ecclesiis secundum leges liturgicas adservandi, interdiu facere ne omittant, utpote quae erga Christum Dominum, in eodem praesentem, sit et grati animi argumentum et amoris pignus et debitae adorationis officium.
Chacun comprend que la divine Eucharistie confère au peuple chrétien une dignité incomparable. Car non seulement durant l’oblation du Sacrifice et quand se fait le Sacrement, mais encore après, tant que l’Eucharistie est gardée dans les églises et oratoires, le Christ est vraiment l’Emmanuel, le " Dieu avec nous ". Car jour et nuit, il est au milieu de nous et habite avec nous, plein de grâce et de vérité ; [68] il restaure les mœurs, nourrit les vertus, console les affligés, fortifie les faibles et invite instamment à l’imiter tous ceux qui s’approchent de lui, afin qu’à son exemple ils apprennent la douceur et l’humilité de cœur, qu’ils sachent chercher non leurs propres intérêts mais ceux de Dieu. Ainsi quiconque aborde le vénérable Sacrement avec une dévotion particulière et tâche d’aimer d’un coeur généreux le Christ qui nous aime infiniment, éprouve et comprend à fond, non sans joie intime ni sans fruit, le prix de la vie cachée avec le Christ en Dieu [69] il sait d’expérience combien cela en vaut la peine de s’entretenir avec le Christ ; rien de plus doux sur la terre, rien de plus apte à faire avancer dans les voies de la sainteté.Neminem fugit divinam Eucharistiam inaestimabilem populo christiano conferre dignitatem. Non enim solum dum Sacrificium offertur et Sacramentum conficitur, verum etiam, Sacrificio oblato et confecto Sacramento, dum Eucharistia in ecclesiis vel oratoriis adservatur, Christus est revera Emmanuel, id est « nobiscum Deus ». Nam die ac nocte in medio nostri est, in nobis habitat plenus gratiae et veritatis [68] : mores instruit, virtutes alit, maerentes consolatur, debiles roborat, et omnes qui ad eum accedunt ad imitationem sui provocat, ut ipsius exemplo discant mites esse et humiles corde, et non sua sed quae Dei suret quaerere. Quisquis igitur augustani Eucharistiam singulari prosequitur devotione et Christum infinite nos amantem prompte et generose redamare nititur, experitur et plane intellegit, non sine magno animi oblectamento et fructu, quanti pretii sit vita abscondita cum Christo in Deo [69] et quantum valeat colloquia cum Christo serere, quo hisce in terris nihil est suavius, nihil ad percurrendas sanctitatis vias efficacius.
Vous le savez bien aussi, Vénérables Frères, l’Eucharistie est gardée dans les églises et les oratoires comme centre spirituel de la communauté religieuse et paroissiale, et encore de l’Eglise universelle et de l’humanité entière, parce que sous le voile des saintes espèces elle contient le Christ, Chef invisible de l’Eglise, Rédempteur du monde, centre de tous les cœurs, " par qui tout existe et nous-mêmes par lui " [70]Nostis insuper, Venerabiles Fratres, Eucharistiam adservari in templis seu oratoriis tamquam centrum spirituale communitatis religiosae vel communitatis paroecialis, immo universae Ecclesiae et totius humanitatis, quippe quae contineat sub specierum velamine Christum Ecclesiae invisibile Caput, mundi Redemptorem, centrum omnium cordium, per quem omnia et nos per ipsum [70].
Par suite le culte eucharistique porte avec force les âmes à développer l’amour " de société ", [71] en vertu duquel nous préférons le bien commun au bien particulier, faisons nôtre la cause de la communauté, de la paroisse, de l’Eglise universelle, et étendons la charité au monde entier, sachant que partout il v a des membres du Christ.Inde efficitur ut cultus divinae Eucharistiae animum magnopere permoveat ad amorem « socialem » [71] excolendum, quo privato bono bonum commune anteponimus, causam communitatis, paroeciae, Ecclesiae universae suscipimus caritatemque extendimus in totum mundum, quia ubique membra Christi esse novimus.
Puisque, Vénérables Frères, le Sacrement de l’Eucharistie est signe et cause de l’unité du Corps -Mystique, et qu’en ceux qui lui vouent une vénération plus fervente il suscite un esprit ecclésial plus actif, ne cessez de persuader vos fidèles de faire leur, quand ils s’approchent de ce mystère, la cause de l’Eglise, de prier Dieu sans cesse et de s’offrir eux-mêmes à Dieu en sacrifice agréable pour la paix et l’unité de l’Eglise. Cela afin que tous les fils de l’Eglise soient un et qu’ils aient les mêmes dispositions ; qu’il n’y ait point de divisions entre eux mais qu’ils soient parfaitement unis dans un même esprit et un même sentiment, comme le veut l’Apôtre ; [72] et que tous ceux qui ne se trouvent point encore attachés en pleine communion à l’Eglise Catholique mais séparés d’elle jusqu’à un certain point tout en portant avec fierté le nom de chrétiens, arrivent le plus tôt possible, avec l’aide de la grâce divine, à jouir avec nous de cette unité de foi et de communion que le Christ voulut comme caractère distinctif de ses disciples.Quia igitur, Venerabiles Fratres, Eucharistiae sacramentum est signum et causa unitatis Corporis Christi Mystici et in iis qui ferventiore affectu illud colunt actuosum spiritum « ecclesialem », ut appellant, excitat, fidelibus vestris numquam persuadere cessetis, ut ad Mysterium Eucharisticum accedentes causam Ecclesiae, tamquam suam, discant amplecti, sine intermissione Deum obsecrare, seipsos Domino ut acceptabile sacrificium offerre pro Ecclesiae pace et unitate ; ut omnes Ecclesiae filii unum sint et idipsum sapiant, nec sint inter eos schismata, sed perfecti sint in eodem sensu et in eadem sententia, ut Apostolus praecipit [72] ; omnes autem qui nondum perfecta communione cum Ecclesia Catholica coniunguntur, utpote ab ea seiuncti, sed christiano nomine decorantur et gloriantur, ea unitate fidei et communionis quantocius, divina opitulante gratia, nobiscum fruantur quam Christus discipulorum suorum propriam esse voluit.
Ce désir de prier et de se consacrer à Dieu pour l’unité de l’Eglise, il intéresse surtout par convenance particulière les religieux et religieuses, puisqu’ils sont à titre spécial voués à l’adoration du Très Saint Sacrement, rassemblés autour de lui en vertu des engagements de leurs vœux. Mais ce souhait de l’unité de tous les chrétiens, le plus sacré et le plus ardent au cœur de l’Eglise, Nous voulons pour l’exprimer reprendre une fois de plus les paroles mêmes du concile de Trente, dans la conclusion de son décret sur la Sainte Eucharistie : "Pour finir, en son affection paternelle, le saint Concile avertit, prie et conjure par les entrailles de la miséricorde de Dieu,[73] ceux qui portent le nom de chrétiens, tous et chacun, de se retrouver et de ne faire enfin une bonne fois qu’un seul cœur dans ce signe de l’unité, dans ce lien de la charité, dans ce symbole de la concorde ; que, se souvenant de la majesté si grande et de l’amour si admirable de notre Seigneur Jésus-Christ, qui a donné sa vie très chère pour prix de notre salut et qui nous a donné sa chair à manger [74] ils croient et vénèrent les saints mystères de son corps et de son sang avec une foi constante et ferme, avec une ferveur de cœur, avec une piété et un respect qui leur permettent de recevoir fréquemment ce pain supersubstantiel.[75] Qu’il Soit vraiment la vie de leur âme et la santé perpétuelle de leur esprit, que, fortifiés par son énergie [76] ils parviennent du cheminement de ce pèlerinage de misère à la patrie céleste, pour manger sans aucun voile le pain des Ange [77] qu’ils mangent maintenant sous les voiles sacrés ". [78]Hoc autem obsecrandi et se Deo devovendi studium pro Ecclesiae unitate religiosi, sive viri sive mulieres, potissimum suum esse intellegant, quippe qui sanctissimo Sacramento adorando, speciali modo, mancipentur, eiusque quasi corona hisce in terris, per vota quae nuncuparunt, efficiantur. Porro unitatis omnium christianorum votum, quo nihil antiquius, nihil gratins habuit et habet Ecclesia, Nos iterum promere volumus ipsis verbis quibus id olim Concilium Tridentinum, decretum de sanctissima Eucharistia absolveras, prompsit : « Demum autem paterno affectu admonet sancta Synodus, hortatur, rogat et obsecrat "per viscera misericordiae Dei nostri" [73] ut omnes et singuli, qui christiano nomine censentur, in hoc unitatis signo, in hoc vinculo caritatis, in hoc concordiae symbolo iam tandem aliquando conveniant et concordent, memoresque tantae maiestatis et tam eximii amoris Iesu Christi Domini nostri, qui dilectam animam suam in nostrae salmis pretium, et carnem suam nobis dedit ad manducandum [74], haec sacra mysteria corporis et sanguinis eius ea idei constantia et firmitate, ea animi devotione, ea pietate et cultu credant et venerentur, ut panem illum supersubstantialem [75] frequenter suscipere possint, et is vere eis sit animae vita et perpetua sanitas mentis, "cuius vigore confortati" [76] ex huius miserae peregrinationis itinere ad caelestem patriam pervenire valeant, eundem "panem angelorum" [77], quem modo sub sacris velaminibus edunt, absque ullo velamine manducaturi » [78].
Oh ! que le Rédempteur si bon, qu’ à l’approche de sa mort demanda au Père que tous ceux qui croiraient en Lui ne fassent qu’un, comme Lui et le Père sont un, [79] daigne exaucer au plus tôt ce vœu qui est le Nôtre et celui de toute l’Eglise : que tous, d’une seule voix et d’une même foi, nous célébrions le mystère de l’Eucharistie et que, rendus participants du corps du Christ, nous ne formions qu’un seul corps [80] unifié par les mêmes liens par lesquels Lui-même voulut que son unité soit assurée.Utinam benignissimus Redemptor, qui mortem iam iam subiturus Patrem oravit, ut omnes qui in se credituri essent unum forent, sicut ipse et Pater unum surat [79], flagrantissimum hoc Nostrum uni versaeque Ecclesiae votum quam citissime exaudire dignetur, ut omnes uno ore et una fide Eucharisticum Mysterium celebremus et Corporis Christi participes effecti, unum corpus efficiamur [80], eisdem nexibus compactum quibus ipse illud constitutum voluit.
Et Nous Nous adressons avec une charité paternelle à ceux-là aussi qui appartiennent aux vénérables Eglises d’Orient, au sein desquelles brillèrent tant de Pères illustres, dont Nous avons pris plaisir à rappeler en cette lettre les témoignages touchant l’Eucharistie. Nous Nous sentons pleins de joie à voir votre foi envers l’Eucharistie - elle coïncide avec la nôtre -, à entendre les prières liturgiques par lesquelles vous célébrez un si grand mystère, à admirer votre culte eucharistique et à lire vos théologiens qui exposent et défendent la doctrine concernant ce Sacrement si vénérable.Eos insuper alloquimur, fraternae caritatis sensus pandentes, qui ad venerabiles Orientis Ecclesias pertinent ex quibus tot exstiterunt gloriosissimi Patres, quorum idei testimonia de Eucharistia perlibenti animo in hisce Nostris Litteris commemoravimus. Permagno gaudio animus perfunditur cum fidem vestram, quae et nostra est, de Eucharistia consideramus, orationes liturgicas quibus tantum mysterium celebratis auscultamus, cultum Eucharisticum conspicimus, theologos doctrinam de augustissimo hoc Sacramento exponentes aut defendentes legimus.
Que la Bienheureuse Vierge Marie, de laquelle le Christ Notre-Seigneur a voulu recevoir cette chair qui est renfermée dans le Sacrement sous les apparences du pain et du vin, qui est offerte et mangée,[81] et tous les Saints et Saintes de Dieu, ceux-là spécialement qui eurent une dévotion plus ardente envers la divine Eucharistie, intercèdent près du Père des miséricordes, afin que la foi commune et le culte eucharistique alimentent et renforcent l’unité de communion entre tous les chrétiens. Notre âme est pénétrée des paroles du saint martyr Ignace, qui met en garde les fidèles de Philadelphie contre les dommages des déviations et des schismes et préconise comme remède l’Eucharistie : " Tâchez donc, dit-il, de pratiquer une seule Eucharistie ; car une est la chair de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; il y a un seul calice dans l’unité de son sang, un seul autel, un seul évêque ... ".[82] Forts de l’heureux espoir que le progrès du culte eucharistique apportera de nombreux bienfaits à l’Église et au monde entier, Nous vous accordons avec beaucoup d’affection la Bénédiction Apostolique, en gage des grâces du Ciel, à vous, Vénérables Frères, aux prêtres, aux religieux, à tous ceux qui vous prêtent leur concours, et à tous les fidèles confiés à vos soins.Beatissima Virgo Maria, ex qua Christus Dominus eam carpem assumpsit quae in hoc Sacramento sub speciebus panis et vini « continetur, offertur, sumitur » [81] omnesque Sancti et Sanctae Dei, ii praesertim qui ardentiore devotione erga divinam Eucharistiam flagrarunt, intercedant apud misericordiarum Patrem, ut ex communi fide et cultu Eucharistico perfecta unitas communionis inter omnes qui christiano nomine censentur exoriatur et vigeat. Haerent animo verba sanctissimi martyris Ignatii Philadelphenos monentis contra matum divisionum et schismatum, quorum remedium est in Eucharistia. « Studete igitur », inquit, « una gratiarum actione uti. Una enim caro Domini nostri Iesu Christi, et unus calix in unionem sanguinis ipsius, unum altare, unus episcopus... » [82]. Suavissima spe freti bonorum, quae ex aucto cultu Eucharistico in universam Ecclesiam universumque mundum proficiscentur, vobis, Venerabiles Fratres, presbyteris, religiosis, et omnibus qui adiutricem operam vobis praestant universisque fidelibus curae vestrae commissis, Apostolicam Benedictionem, caelestium gratiarum auspicem, effuso et peramanti animo impertimus.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, en la fête de saint Pie X, le 3 septembre 1965, en la troisième année de Notre Pontificat.Datum Romae, apud Sanctum Petrum, die III mensis Septembris, in festo S. Pii X, Papae, anno MCMLXV, Pontificatus Nostri tertio.
PAULUS PP. VI

[1] Constit. De Sacra Liturgia, c. 2, n.47 ; AAS LVI, 1964, p.113

[2] Io. 6, 55

[3] Cf Io 17, 23

[4] Litt. Encycl. Mirae caritatis ; Acta Leonis XIII, XXII, 1902-1903, p. 122

[5] In Matth. homil. 82, 4 ; PG 58, 743

[6] Summ. Theol. IIIª, q. 75, a. 1 c.

[7] In IV Sent., dist. X, P. I art. un., qu. 1 ; Oper. omn. tom. IV, Ad Claras Aquas 1889, p. 217

[8] Io 6,61-69

[9] S. AUGUTINI., Contr. Iulian., VI, 5, 11 ; PL 44, 829

[10] De civit. Dei, X, 23 ; PL 41, 300

[11] Constit. dogm. De fide cathol. c. 4

[12] Cf CONCIL. TRID., Doctrina de SS. Missae Sacrificio, c. 1

[13] Cf Ex 24,8

[14] Lc 22,19-20 ; cf Mt 26,26-28 ; Mc 14,22-24

[15] Act 2,42

[16] Act 4, 32

[17] 1 Cor 11,23 ss.

[18] 1 Cor 10,16

[19] Cf Mal 1,11

[20] CONCIL. TRID., Doct. de SS. Missae Sacrif, c. 2

[21] Catecheses, 23 [[myst. 5

[22] Cf Confess. IX, 12, 32 ; PL 32, 777 ; cf ibid. IX, 11, 27 ; PL 32, 775

[23] Cf Serm. 172, 2 ; PL 38, 936 ; cf De cura gerenda pro mortuis, 13 ; PL 40, 593

[24] Cf S. AUGUSTIN., De civit. Dei, X, 6 ; PL 41, 284

[25] Cf Litt. Encycl. Mediator Dei ; AAS XXXIX, 1947, p. 552

[26] Cf Const. dogm. De Ecclesia, c. 2, n. 11 ; AAS LVII, 1965, p. 15

[27] Cf. ibid. c. 2, n.10 ; AAS LXII, 1965, p.14

[28] Const. De Sacra Liturgia, c. 1, n. 27 ; AAS LVI, 1964, p. 107

[29] Cf Pontificale Romanum

[30] Cf c. 1, n. 7 ; AAS LVI, 1964, pp. 100-101

[31] S. AUGUSTIN., In Ps 85,1 ; PL 37, 1081

[32] Cf Mt 18,20

[33] Cf Mt 25,40

[34] Cf Eph 3,17

[35] Cf Rom 5,5

[36] S. AUGUSTIN., Contr. Litt. Peteliani III, 10, 11 ; PL 43, 353

[37] Idem, In Ps 86,3 ; PL 37, 1102

[38] In Epist. 2 ad Timoth. homil. 2, 4 ; PG 62, 612

[39] AEGIDIUS ROMANUS, Theoremata de Corpore Christi, theor. 50, Venetiis 1521, p. 127

[40] S. THOMAS, Summ. Theol. IIIª, q. 73, a. 3 c.

[41] Cf CONCII.. TRID., Decr. de SS. Euchar., c. 3

[42] PIUS XII, Litt. Encycl. Humani generis ; AAS XLII, 1950, p. 578

[43] Decr. de SS. Eucharistia, prooem. et c. 2

[44] Didachè, 9, 1 ; F. X. FUNK, Patres Apostolici, 1, 20

[45] Epist. ad Magnum, 6 ; PL 3, 1189

[46] 1 Cor 10,17

[47] S. IGNATIUS, Epist. ad Smyrn. 7, 1 ; PG 5, 714

[48] In Matth. Comm., c. 26 ; PG 66, 714

[49] DECRET. De SS. Eucharistia, c. 1

[50] Cf Litt. Encycl. Mirae caritatis ; Acta Leonis XIII, XXII, 1902-1903, p. 123

[51] Cf CONCIL. TRID. Decr. De SS. Euchar. c. 4 et can. 2

[52] Catecheses, 22, 9 [[myst. 4

[53] De prodil. Iudae, homil. 1, 6 ; PG 49, 380 ; cf In Matth. homil. 82, 5 ; PG 58, 744

[54] In Matth. 26,27 ; PG 72, 451

[55] De myster. 9, 50-52 ; PL 16, 422-424

[56] MANSI, SS. Concil. nova et ampliss. coll. XX, 524 D.

[57] Constit. Auctorem fidei, 28 Aug. 1794

[58] Allocutio habita die 22 Septembris a. 1956 - AAS XLVIII, 1956, p. 720

[59] AAS LVII, 1965, pp. 588-592

[60] In Ps 98,9 ; PL 37, 1264

[61] Tradir Apost. ; ed. BOTTE, La tradition Apostolique de St. Hippolyte, Münster 1963, p. 84

[62] In Exod.fragm. ; PG 12, 391

[63] De Spectaculis ; CSEL III3, p. 8

[64] Epist. ad Calosyrium ; PG 76, 1075

[65] Cf S. BASIL. Epist. 93 ; PG 32, 483-486

[66] S. AUGUSTIN, In Joann. tract. 26, 13 ; PL 35, 1613

[67] Decr. S. CONGR. CONCIL, 20 dec. 1905, approb. a S. Pio X ; ASS, XXXVIII, 1905, p. 401

[68] Cf Io 1,14

[69] Cf Col 3,3

[70] 1 Cor 8,6

[71] Cf S. AUGUSTIN., De Gen. ad litt. XI, 15, 20 ; PL 34, 437

[72] Cf l Cor 1,10

[73] Lc 1,78

[74] Io 6,48 ss.

[75] Mt 6,11

[76] Reg 19,8

[77] Ps 77,25

[78] Decr. De SS. Eucharistia, c. 8.

[79] Cf Io 17,20-21

[80] Cf 1 Cor 10,17

[81] CIC, can. 801

[82] Epist. ad Philadelph. 4 ; PG 5, 700